<40> Trop attaché aux beaux-arts pour se répandre dans le grand monde et trop ardent à s'instruire pour sortir de la société des artistes, il ne vit que des ateliers, des galeries de tableaux, des églises et de l'architecture. Il n'est pas hors de notre sujet de rapporter ici le jugement qu'il portait des peintres de l'école française. Il approuvait la poésie qui règne dans la composition des tableaux de Le Brun, le dessin hardi du Poussin, le coloris de Blanchard et des Boulogne, la ressemblance et le fini des draperies de Rigaud, le clair-obscur de Raoux, la naïveté et la vérité de Chardin, et il faisait beaucoup de cas des tableaux de Charles Vanloo et des instructions de de Troy. Il trouvait cependant le talent des Français pour la sculpture supérieur à celui qu'ils ont pour la peinture, l'art étant poussé à sa perfection par les Bouchardon, les Adam, les Pigalle, etc. De tous les bâtiments de France deux seuls lui paraissaient d'une architecture classique, à savoir : la façade du Louvre par Perrault, et celle de Versailles qui donne sur le jardin. Il donnait la préférence aux Italiens pour l'architecture extérieure, et aux Français pour la distribution, la commodité et les ornements des appartements. En quittant la France, il passa par la Flandre, où, comme on s'en doute bien, les ouvrages des van Dyk, des Rubens et des Wouwermann ne lui échappèrent pas.
Arrivé à Berlin, le Roi le chargea de la construction de la maison d'opéra, un des édifices les plus beaux et les plus réguliers qui ornent cette capitale. La façade en est imitée, et non pas copiée, d'après celle du Panthéon; et dans l'intérieur, le rapport heureux des proportions rend ce vase sonore, quelle que soit son immensité. M. de Knobelsdorff fut occupé ensuite à bâtir la nouvelle aile du palais de Charlottenbourg, dont les amateurs approuvent la beauté du vestibule et de l'escalier, la noblesse du salon, et l'élégance de la galerie. Il eut occasion d'exercer ses talents à la décoration du péristyle nouveau du château de Potsdam, à l'escalier de marbre, et au salon où est représentée l'apothéose du Grand Électeur. Le salon de Sans-Souci qui