<69> Charles XII, il essaya de hasarder l'histoire du siècle de Louis XIV. Ce n'est plus le style romanesque de Quinte-Curce qu'il emploie : il y substitua celui de Cicéron, qui, plaidant pour la loi Manilia, fait l'éloge de Pompée. C'est un auteur français qui relève avec enthousiasme les événements fameux de ce beau siècle; qui expose dans le jour le plus brillant les avantages qui donnèrent alors à sa nation une prépondérance sur d'autres peuples, les grands génies en foule qui se trouvèrent sous la main de Louis XIV, le règne des arts et des sciences protégés par une cour polie, les progrès de l'industrie en tout genre, et cette puissance intrinsèque de la France qui rendait en quelque sorte son roi l'arbitre de l'Europe. Cet ouvrage unique méritait d'attirer à M. de Voltaire l'attachement et la reconnaissance de toute la nation française, qu'il a mieux relevée qu'elle ne l'a été par aucun de ses autres écrivains. C'est encore un style différent qu'il emploie dans son Essai sur l'histoire universelle : le style en est fort et simple; le caractère de son esprit se manifeste plus dans la façon dont il a traité cette histoire, que dans ses autres écrits; on y voit la fougue d'un génie supérieur qui voit tout dans le grand, qui s'attache à ce qu'il y a d'important, et néglige tous les petits détails. Cet ouvrage n'est pas composé pour apprendre l'histoire à ceux qui ne l'ont pas étudiée, mais pour en rappeler les faits principaux dans la mémoire de ceux qui la savent. Il s'attache à la première loi de l'histoire, qui est de dire la vérité; et les réflexions qu'il y sème, ne sont pas des hors-d'ceuvre, elles naissent de la matière même.
Il nous reste une foule d'autres traités de M. de Voltaire, qu'il est presque impossible d'analyser : les uns roulent sur des sujets de critique; dans d'autres, ce sont des matières métaphysiques qu'il éclaircit; dans d'autres encore, d'astronomie, d'histoire, de physique, d'éloquence, de poétique, de géométrie. Jusqu'à ses romans mêmes portent un caractère original : Zadig, Micromégas, Candide sont des ouvrages qui, semblant respirer la frivolité, contiennent des allégories