<8> préposées pour veiller aux règles de la police. Les académies furent pourvues, avec discernement et connaissance, de professeurs habiles et savants. Toutes ces nouvelles institutions, et le soin de faire fleurir les académies, sont dus à l'activité de M. Jordan. En 1744, au renouvellement de cette Académie royale des sciences et des belles-lettres, il en fut élu vice-président.
Qu'on ne dise point que la culture des sciences et des arts rend les hommes inhabiles aux affaires. Le bon esprit fait les mêmes progrès dans toutes les matières qu'il embrasse. Les sciences, bien loin d'avilir, donnent dans tous les emplois un nouveau lustre à ceux qui les cultivent. Les grands hommes de l'antiquité se formèrent sous la tutelle des lettres, si je puis me servir de ce terme, avant que d'occuper les dignités de l'État; et ce qui sert à éclairer l'esprit, à perfectionner le jugement et à étendre la sphère des connaissances, forme certainement des sujets propres à toute espèce de destinations. Ce sont des plantes cultivées avec soin, dont les fleurs et les fruits sont d'une beauté plus raffinée et d'un goût plus exquis que ceux de ces arbres qui, dans les bois sauvages, abandonnés à eux-mêmes, croissent au hasard, et dont les branches bizarrement entortillées n'offrent pas même à la vue un spectacle agréable.
Lorsque, après la mort de l'empereur Charles VI, le Roi entra en Silésie à la tête de ses armées pour revendiquer l'héritage de ses ancêtres, que la prospérité de la maison d'Autriche lui avait retenu longues années avec peu d'attention à ses droits, M. Jordan suivit Sa Majesté dans la campagne de 1741, alliant la douceur du commerce des Muses au tumulte des armes, et à la dissipation d'une armée dont les mouvements et les opérations étaient continuelles. Ces campagnes et son séjour fréquent à la cour lui laissèrent cependant le temps de travailler aux différents ouvrages qui nous restent de lui, à savoir : une dissertation latine sur la vie et les écrits de Jordanus Brunus;a
a Prenzlow, 1726.