<IV>Ce fut au commencement du mois d'octobre 1759 que l'idée vint au Roi d'écrire sur Charles XII. Il était avec son armée en Silésie, sur les lieux que la retraite de Schulenbourg devant le roi de Suède a rendus célèbres (t. V, p. 28). Le 15 novembre, le Roi confia au marquis d'Argens le soin de faire imprimer son travail, et celui-ci lui répondit le 17 : « Je donnerai à cet ouvrage la forme in-quarto, pour qu'il puisse être joint à vos autres ouvrages historiques et à votre poëme sur l'Art de la guerre. » Les Réflexions sur les talents militaires et sur le caractère de Charles XII, roi de Suède, parurent le 8 janvier 1760, trente-trois pages petit in-4, sans indication de l'année, du lieu d'impression ni du nom de l'auteur. Elles furent tirées à un petit nombre d'exemplaires que le Roi destinait à ses frères, à ses amis et à ses officiers les plus distingués, comme on le voit par le commencement de sa lettre au marquis d'Argens datée de Freyberg, janvier 1760 : « J'oubliai, en vous écrivant dernièrement, mon cher marquis, de vous prier de faire remettre à mon frère Ferdinand et au général Seydlitz, qui est blessé et se fait guérir à Berlin, un exemplaire à chacun de mon Charles XII. C'est une petite attention qui peut-être leur fera plaisir. » Le général Fouqué reçut la même faveur. La bibliothèque des archives royales de l'État et du Cabinet possède (M. 66) le seul exemplaire original de cet ouvrage que nous connaissions. Au bas du frontispice, à droite, on lit l'inscription suivante, écrite par un secrétaire et signée de la main du colonel Henri-Guillaume d'Anhalt ( t. V, p. 115, et t. VI, p. 166) : « C'est un présent du Roi mon maître, et le même jour, le général Seydlitz a aussi reçu un tel exemplaire à Sans-Souci, le 15 septembre 1767. Wilhelm d'Anhalt. »
Nous reproduisons exactement cette édition originale; car celle de 1786, soixante-quatorze pages petit in-8, avec l'inscription « De main de maître, » mais sans désignation de lieu d'impression ni de libraire, n'est qu'une contrefaçon retouchée, qu'ont suivie les éditeurs des Œuvres de Frédéric II, publiées du vivant de l'Auteur, en y ajoutant quelques nouvelles corrections. Ainsi, au lieu des mots « d'approfondir les causes de ses infortunes, » qui se trouvent dans l'original (p. 82 de notre édition), on lit dans les éditions de 1786 et de 1789 :