<153> pouvoir remettre leurs chaînes;a il prit généreusement sur lui les soins de la vengeance, et il n'eut pas lieu de s'en repentir.
Si je vivais dans le siècle futur, j'allongerais sûrement cet article par quelques réflexions qui pourraient y convenir; mais ce n'est pas à moi à juger de la conduite des princes modernes, et dans le monde il faut savoir parler et se taire à propos.
La matière de la neutralité est aussi bien traitée par Machiavel que celle des engagements des princes. L'expérience a démontré depuis longtemps qu'un prince neutre expose son pays aux injures des deux parties belligérantes, que ses États deviennent le théâtre de la guerre, et qu'il perd toujours par la neutralité, sans que jamais il ait rien de solide à y gagner.
Il y a deux manières par lesquelles un prince peut s'agrandir : l'une est celle de la conquête, lorsqu'un prince guerrier recule par la force de ses armes les limites de sa domination; l'autre est celle du bon gouvernement, lorsqu'un prince laborieux fait fleurir dans ses États tous les arts et toutes les sciences, qui les rendent plus puissants et plus policés.
Tout ce livre n'est rempli que de raisonnements sur cette première manière de s'agrandir : disons quelque chose de la seconde, plus innocente, plus juste et tout aussi utile que la première.
Les arts les plus nécessaires à la vie sont l'agriculture, le commerce et les manufactures; ceux qui font le plus d'honneur à l'esprit hu-
a Il y a ici une erreur. Le Grand Électeur mit tout en œuvre pour obtenir l'appui de la cour de Moscou : il écrivit, il fit faire des démarches par ses alliés et par son envoyé Joachim Scultetus. Mais le czar Alexei préféra rester en paix avec la Suède. Voyez Archives royales de l'État; Jean Magirus, p. 215 de son ouvrage (manuscrit) composé en 1682 et intitulé, Die Heldenthaten Friedrich Wilhelms, Kurfürsten von Brandenburg, vom Jahre 1670-1680. (Ms. boruss. in-fol., no 99, de la bibliothèque royale de Berlin) : voyez enfin Pufendorf, De rebus gestis Friderici! Wilhelmi Magni, lib. XIII, §. 61. Ce fut sur l'ordre exprès de son souverain, ordre daté de Clèves, le 3 (13 nouv. st.) avril 1675, que Scultetus se rendit auprès du Czar. Il partit de Cüstrin pour Moscou le 1er (11) juillet, et quitta cette capitale le 17 (27) octobre de la même année. Dans ses Mémoires de Brandebourg, Frédéric ne fait aucune mention de troupes auxiliaires demandées ou refusées par son bisaïeul.