<18> anciennes conquêtes et de ne point effaroucher ses voisins : un trop grand fracas de succès pourrait réveiller les puissances maritimes, qui dorment à présent dans les bras de la sécurité et au sein de l'indolence.
J'entrevois encore, dans ce qui peut entrer dans le système de la France, des projets plus grands et plus vastes que ceux dont j'ai parlé; et le moment que la Providence a marqué pour l'exécution de ces grands desseins semble être celui du décès de Sa Majesté Impériale. Quel temps plus propre pour donner des lois à l'Europe? Quelles conjonctures plus heureuses pour pouvoir tout oser?
Tous les électeurs se trouvent à présent désunis par les intérêts qui les partagent : les uns, cherchant des avantages particuliers, se jetteront dans les bras de la France, et sacrifieront l'intérêt commun; d'autres disputeront entre eux à qui aura l'Empire; d'autres se déchireront pour la succession de l'Empereur; d'autres, enflés par les espérances que leur donnent de grandes alliances, porteront partout le flambeau de la guerre, le trouble et la confusion; et ceux qui pourraient s'opposer à la force majeure de l'ennemi commun n'entreprendront rien, et abandonneront leur destinée au hasard.
De plus, par le dernier traité de pacification, la France s'engage à la garantie de la pragmatique sanction; cela l'oblige à se mêler indispensablement des affaires d'Allemagne après la mort de l'Empereur; et ce qui en cette occasion rendra les démarches de la France beaucoup plus dangereuses que dans d'autres, c'est qu'elles auront une apparence plausible de justice, et que leurs violences même auront un dehors d'équité.
Remarquons encore avec quel soin la France écarte les puissances maritimes de cette garantie. Croit-on que ce soit sans dessein qu'on les éloigne des affaires? Pourrait-on s'imaginer que quelque pensée