<21> des arts et la fureur de la guerre ont parcouru tout le monde, et ont toujours produit les mêmes effets dans tous les endroits où ils ont établi leur domicile. La raison en est simple. L'esprit de l'homme, et les passions qui le gouvernent, sont toujours les mêmes; il faut donc nécessairement qu'il en résulte toujours les mêmes effets. Tout ce que je viens de dire des arts et de la guerre se trouve encore plus vrai à l'égard de la politique des grandes monarchies : elle a toujours été la même; leur principe fondamental a constamment été d'envahir tout pour s'agrandir sans cesse, et leur sagesse a consisté à prévenir les artifices de leurs ennemis et à jouer au plus fin.
Examinons à présent les procédés de Philippe de Macédoine envers les Grecs, et voyons si nous n'y trouverons pas quelques traits de la politique française; parcourons ensuite quelques événements de l'histoire romaine, et le lecteur verra s'il ne s'y trouve point, je ne dis pas une ressemblance, mais une conformité entière avec les événements qui sont arrivés récemment en Europe, et avec ceux dont nous avons fait entrevoir l'aurore. La république des Grecs ne se soutenait que par l'étroite union qui liait les différentes petites républiques ensemble; les villes de Sparte et d'Athènes se distinguaient cependant de toutes les autres; c'étaient elles qui donnaient le branle aux délibérations et aux grandes choses qui s'exécutaient, et les petites républiques n'étaient que dépendantes de celles-là. Si Philippe avait attaqué cette ligue entière, il aurait trouvé des ennemis redoutables, qui non seulement lui auraient résisté, mais qui même auraient pu faire de ses propres États le théâtre de la guerre. Que fit la politique de ce prince pour vaincre cette république? Elle sema la dissension et la jalousie parmi ces petites villes alliées, elle cimenta leur désunion, elle corrompit les orateurs, elle prit le parti des plus faibles pour les soutenir contre les plus puissants, et, ceux-ci abattus, les autres furent bientôt à sa discrétion.