<24> première Philippique. Voici ses paroles : « Philippe est mort, dira l'un. Non, répondra l'autre, mais il est malade .... Eh! qu'il meure ou qu'il vive, que vous importe? Quand vous ne l'aurez plus, bientôt, Athéniens, vous vous serez fait un autre Philippe, si vous ne changez pas de conduite; car il est devenu ce qu'il est, non pas tant par ses propres forces que par votre négligence. »
Il me reste encore quelques réflexions à faire sur les points où la conduite des Romains répond parfaitement à celle de nos Romains modernes, je veux dire les Français. Que l'on considère l'attention extrême que les Romains avaient à se mêler de toutes les affaires du monde; ils affectaient même de décider toutes les querelles des princes. Rome était le tribunal de l'univers, et les rois et les princes avaient reconnu, je ne sais comment, la souveraineté de ce tribunal; ils remettaient le jugement de leur cause au peuple romain, de tous les peuples le plus puissant et le plus fier. Le sénat, accoutumé à juger en dernier ressort de la fortune des princes, s'érigeait en arbitre souverain de tous leurs différends. C'est par ce moyen qu'ils se rendirent les maîtres de la Grèce, qu'ils acquirent l'héritage d'Eumène, roi de Pergame, et ce fut encore par cette voie que l'Égypte fut réduite au nombre des provinces romaines.
On va voir que la France en a fait tout autant. Mais ce que les Romains n'ont jamais fait, Louis XIV l'a osé : il a érigé un tribunal de réunion qui, sous prétexte de la recherche d'anciennes dépendances, réduisait des provinces entières sous le joug de son obéissance.
Il est temps à présent de parler de la succession de Charles II, dernier roi d'Espagne, et du testament substitué ou tronqué par lequel le sang français a empiété sur les droits de celui d'Espagne; des intrigues par lesquelles la France a voulu relever le parti du prétendant en Angleterre, et faire ce prince roi de la Grande-Bretagne; et, pour