<5> ce royaume, avait causé une scission parmi les évêques et les palatins, dont le plus grand nombre embrassait les intérêts de Stanislas. Ces désordres n'intéressaient en aucune manière les provinces d'Allemagne. L'Empereur s'était assez témérairement obligé, par un traité secret avec la Russie et la Saxe, à placer l'électeur Auguste IIa sur le trône électif de Pologne; les ministres impériaux, n'ayant peut-être pas prévu les suites de cette démarche, et, contre l'avis du prince Eugène, se fondant sur le caractère pacifique du cardinal ministre, avaient engagé trop légèrement leur maître dans une affaire de cette conséquence; l'Empereur s'était mêlé lui seul, avec la Russie, et sans la participation de l'Empire, dans les troubles de la Pologne; c'était à lui seul à s'en tirer.

La France, qui, d'un autre côté, avait travaillé avec toute la prudence possible, depuis la mort du duc régent, à rétablir ses affaires dérangées, y avait si bien réussi, que ses finances étaient dans le plus bel ordre du monde, ses magasins pourvus de toutes les choses nécessaires, et ses troupes dans l'état où elle les pouvait désirer. Avec ces avantages, sa situation se trouvait si heureuse, qu'elle se voyait en passe de profiter de tous les événements.

La mort d'Auguste Ier lui fournissait un prétexte spécieux pour se mêler des affaires de la Pologne, et pour exécuter ou bien pour ébaucher les vastes projets que la politique avait conçus et mûrement digérés. La France ne négligea rien : elle prépara les événements, elle se mit en état d'agir avec succès, elle lia ses alliances tant avec l'Espagne qu'avec la Sardaigne; par des pratiques sourdes elle disposa quelques princes d'Allemagne à une espèce de neutralité; elle endormit les puissances maritimes; après quoi elle publia le manifeste de sa conduite, et attaqua l'Empereur, qui était en quelque façon l'agresseur, vu les troubles qu'il avait fomentés en Pologne, et que ses armées étaient prêtes à soutenir, s'il ne s'était vu lui-même assailli.


a Frédéric-Auguste II. Voyez t. II. p. 5.