<261> prédilection singulière. Je commencerai donc par vous citer quelques traits choisis des harangues de Démosthène connues sous le nom de Philippiques : « On dit, Athéniens, que Philippe est mort; mais qu'importe qu'il soit mort ou qu'il vive? Je vous dis, Athéniens, oui, je vous le dis, que vous vous ferez bientôt un autre Philippe par votre négligence, par votre indolence, et par le peu d'attention que vous avez aux affaires les plus importantes. »a Vous voilà au moins convaincu que cet orateur pensait comme moi; mais je ne me borne pas à ce seul passage; en voici un autre où, après que Démosthène a dit en parlant du roi de Macédoine : « On s'attache toujours à celui qu'on voit toujours plein d'ardeur et d'activité, » il ajoute : « Si donc, Athéniens, vous pensez de même, du moins à présent, puisque vous ne l'avez pas fait encore; si chacun de vous, lorsqu'il en sera besoin et qu'il pourra se rendre utile, laissant à part tout mauvais prétexte, est disposé à servir la république, les riches en contribuant de leurs biens, les jeunes en payant de leurs personnes; si chacun veut agir comme pour soi, cessant de se flatter que d'autres agiront pour lui tandis qu'il restera oisif, vous rétablirez vos affaires à l'aide des dieux, et vous recouvrerez ce que la négligence vous a fait perdre. » Voici un autre passage, qui contient à peu près les mêmes choses, pris d'une harangue pour le gouvernement : « Écoutez, Athéniens, les deniers publics qui se perdent en dépenses superflues, vous devez les partager également, en vous rendant utiles, à savoir : ceux d'entre vous qui sont en âge de porter les armes, par les services militaires; ceux de vous qui ont passé cet âge, par des emplois de judicature et de police, ou enfin de quelque autre façon. Vous devez servir vous-mêmes, ne céder à personne cette fonction de citoyen, et composer vous-mêmes une armée qu'on puisse appeler celle de la république; par là vous ferez ce que la patrie exige de vous. » Voilà ce que Démosthène demandait des citoyens d'Athènes; voilà comme


a Voyez t. VIII, p. 23 et 24.