<XIV>ferme, entre autres, un Éloge du prince Guillaume-Adolphe de Brunswic où l'on trouve ce passage, p. 38 : « Il aimait la guerre au point d'en être le panégyriste. Et quoiqu'il ait soutenu un paradoxe dans le petit écrit où il la présente comme un bien, comme une source d'avantages, il a su au moins lui donner une face spécieuse. » Voici ce que le second déclare : « Le premier essai de ses occupations littéraires fut une traduction de Salluste, qui mérita l'approbation du Roi son oncle. Il fit ensuite un Discours sur la guerre, pour faire sa cour au Roi, dans l'armée duquel il avait aussi pris service. »
Au reste, à l'époque même où l'auteur du Discours s'érigeait en panégyriste de la gloire militaire, le héros de la guerre de sept ans exprimait de tout autres idées dans les dernières lignes du récit qu'il a fait de cette mémorable lutte. Après en avoir exposé les misères et les désastreux effets, il ajoute : « Veuille le ciel que le destin inaltérable et florissant de cet État mette les souverains qui le gouverneront, à l'abri des fléaux et des calamités dont la Prusse a souffert dans ces temps de subversion et de troubles. » Il est bien clair que Frédéric, heureux d'avoir conclu la paix de Hubertsbourg, n'aurait pas choisi ce moment pour faire l'éloge de la guerre, dont il savait peindre les désastres avec tant d'énergie. Il est beaucoup plus naturel d'attribuer le Discours sur la guerre à un jeune prince désireux de manifester ainsi son esprit belliqueux à son entrée dans la carrière des armes. Le prince Guillaume-Adolphe, né le 18 mai 1745, devint colonel prussien le 25 juin 1763; le 29 juillet suivant, chef du régiment d'infanterie no 39, en garnison à Königsberg dans la Nouvelle-Marche, et vacant depuis la mort glorieuse du duc François de Brunswic (t. IV, p. 242). Le 1er octobre, il fut fait chevalier de l'Aigle noir; enfin, le 13 décembre 1764, il fut élu par acclamation membre honoraire de l'Académie des sciences de Berlin.
Telles sont les raisons qui nous ont engagé à retrancher le Discours sur la guerre du catalogue des œuvres authentiques de Frédéric, parmi lesquelles, depuis 1789 jusqu'ici, il a figuré dans toutes les éditions et dans toutes les traductions allemandes des Œuvres du Roi, sans que cette erreur eût été relevée par la critique. Ainsi, dans l'ouvrage de M. de Dohm intitulé, Denkwürdigkeiten meiner Zeit. Lemgo et Hannover, 1819, t. V, p. 117, on trouve une critique du Discours sur la guerre en tête d'un catalogue raisonné de quatre écrits militaires de Frédéric (Schriften zur Kriegswissenschaft gehörig).