<100>Eugènea gagna sur les Turcs. Le roi Guillaume, ou moins heureux ou moins habile, perdit en Flandre les batailles de Leuse et de Landen.

Le duc Ernest-Auguste de Hanovre, beau-père de Frédéric III, fournit de son côté à l'Empereur un corps de six mille hommes, pour la guerre de Hongrie; et, en récompense de ce secours, il obtint la dignité électorale. La création de ce neuvième électorat rencontra beaucoup d'oppositions dans l'Empire : il ne se trouva que les électeurs de Brandebourg et de Saxe qui l'appuyèrent; mais l'Empereur qui avait besoin de secours réels, ne crut pas les acheter trop cher en les payant par des titres frivoles.

Il semblait que cette époque favorisât l'ambition des princes de l'Europe : à peu près dans le même temps que le prince d'Orange mit la couronne d'Angleterre sur sa tête, Ernest, duc de Hanovre, devint électeur; Auguste, électeur de Saxe, se frayait le chemin au trône de Pologne; et Frédéric III roulait déjà dans sa tête le projet de sa royauté.

Comme c'est une des actions principales de la vie de ce prince; que cet événement est des plus importants pour la maison de Brandebourg, et qu'il sert de nœud à la politique de Frédéric III : il est nécessaire que nous exposions ici ce qui y donna lieu, par quels moyens on l'exécuta, et tous les détails qui influèrent sur ce projet et sur cette négociation.

L'ambition de Frédéric III se trouvait resserrée, tant par son état que par ses possessions; sa faiblesse ne lui permettait pas de s'agrandir aux dépens de ses voisins, aussi forts et aussi puissants que lui : il ne restait de ressources à ce prince que l'enflure des titres, pour suppléer à l'intrinsèque de la puissance; et, par ces raisons, tous ses vœux se tournèrent du côté de la royauté.

On trouve dans les archives un mémoire raisonné qu'on attribue au père Vota, jésuite :a il roule sur le choix des titres de roi des Vandales ou de roi de Prusse, et sur les avantages que


a Le margrave Louis de Baden.

a Ce mémoire du père Vota, écrit tout entier de sa main, se trouve dans le premier des vingt volumes in-fol. des Actes de la couronne, à Berlin, aux archives secrètes de l'Etat. Charles-Maurice Vota, originaire de Venise, était alors à Berlin.