<104>maison de Bourbon. La paix fut conclue à Ryswyk; et l'Électeur, qui n'avait concouru à cette guerre que par complaisance, n'en retira non plus aucun avantage.

Dans le Nord, Auguste de Saxe obtint la couronne de Pologne par une seconde élection, qui l'emporta sur celle du prince de Conti par les soins de Flemming, son ministre et son général, par l'approche de ses troupes, et par ses libéralités réelles, plus efficaces que les magnifiques promesses du cardinal de Polignac.a Le nouveau roi de Pologne s'était épuisé par ses dépenses, ce qui l'obligea de vendre à Frédéric III l'advocatie de l'abbaye de Quedlinbourg et du Pétersberg de Halle.b

L'Électeur profita des troubles de la Pologne, et s'empara d'Elbing, pour se rembourser d'une somme que les Polonais lui devaient; on moyenna un accommodement, par lequel les Polonais lui engagèrent une couronne et des bijoux russiens, qui sont encore conservés à Königsberg.c Après quoi l'Électeur fit évacuer la ville, et conserva, du consentement de la République, la possession du territoire d'Elbing.

L'Europe ne tarda pas à être agitée par des troubles nouveaux au commencement de ce siècle, à cause de la succession de Charles II, roi d'Espagne, qui vint à mourir; la maison de Bourbon et celle d'Autriche se la disputaient.

On avait essayé de prévenir les guerres sanglantes auxquelles cette succession devait donner lieu. Louis XIV était convenu d'abord d'un traité de partage avec les puissances maritimes; Charles II, indigné de ce traité, avait institué par un testament le jeune prince électoral de Bavière, son neveu, héritier de tous ses États. Mais toutes les espérances furent trompées : le prince de Bavière mourut; on fit un second traité de partage, qui n'eut pas plus lieu que le premier. Le destin de l'Europe était d'avoir la guerre.


a L'abbé Melchior de Polignac ne reçut le chapeau de cardinal qu'en 1713.

b Le bailliage de Pétersberg près de Halle.

c Les joyaux polonais dont il est ici question, furent remis, le 1er février 1700, au lieutenantgénéral brandebourgeois de Brandt; ils furent transportés, en 1741, de Pillau à Berlin, par les dragons de Möllendorff, et par le général de cavalerie de Buddenbrock, à qui le soin en avait été confié, et qui en reçut décharge en 1743.