<109>l'alarme; ces troupes n'en traversèrent pas moins l'Électorat, et se rendirent en Pologne, lieu de leur destination.

Le Roi leva huit mille hommes de nouvelles troupes; au lieu de les employer à la sûreté de ses États, il les envoya en Flandre à l'armée des alliés. Il se rendit lui-même au pays de Clèves, pour recueillir l'héritage de Guillaume d'Orange, roi d'Angleterre, au trône duquel Anne, seconde fille du roi Jacques, succéda. Les droits de Frédéric Ier se fondaient sur le testament de Frédéric-Henri d'Orange, qui avait substitué ses biens, au cas d'extinction des mâles, à sa fille, épouse du Grand Électeur; le roi Guillaume laissa un testament tout contraire, en faveur du prince Frison de Nassau, dont les états généraux devaient être les exécuteurs. Les biens de la succession consistaient dans la principauté d'Orange, de Meurs, et dans différentes seigneuries et fonds de terre situés en Hollande et en Zélande.

Frédéric Ier menaçait de retirer ses troupes de la Flandre, si on ne lui rendait justice; cette menace persuada aux Hollandais que ses droits étaient légitimes. On parvint cependant à régler les conditions d'un accord provisionnel qui partageait l'héritage en deux parties égales : un gros diamant fut d'abord remis à Frédéric Ier, et il consentit à laisser ses troupes en Flandre. Louis XIV mit le prince de Conti en possession d'Orange : le Roi s'en trouva grièvement offensé; il augmenta son armée, et prit même des troupes de Gotha et de Wolfenbüttel à son service; il déclara peu après la guerre à la France, à cause que l'armée de Boufflers avait commis quelques excès dans le pays de Clèves. Louis XIV ne s'aperçut pas qu'il eût un ennemi de plus; et le nouveau roi fit en cela beaucoup pour sa passion, mais rien pour ses intérêts. Il manifestait sa haine pour la France dans toutes les occasions : il obligea le duc Antoine-Ulrich de Wolfenbüttel à renoncer aux engagements qu'il avait pris avec Louis XIV, après que les ducs de Hanovre et de Celle eurent dissipé les troupes qu'il entretenait au moyen des subsides français.

Dans ce temps, l'Angleterre faisait des efforts prodigieux pour la maison d'Autriche; ses flottes transportèrent l'archiduc Charles, qui depuis devint empereur, dans le royaume d'Espagne, qu'une armée anglaise devait aider à lui conquérir. L'enthousiasme de