<111>nage. Frédéric Ier et Stanislas reconnurent réciproquement leur royauté. Ce traité ne dura qu'autant que la fortune de Charles XII ne se démentit point.

Quoique cette alliance dût rassurer le Roi, il fournit toutes ses places de la Prusse de garnisons suffisantes, et il envoya de nouveaux secours à l'armée alliée, en Souabe. Ce fut dans cette province que les Prussiens eurent une part considérable au gain de la fameuse bataille de Höchstädt. Ils étaient à la droite, sous les ordres du prince d'Anhalt, et de ce corps d'armée que le prince Eugène commandait. A la première attaque, la cavalerie et l'infanterie impériale plièrent devant les Français et les Bavarois; mais les Prussiens soutinrent le choc, et enfoncèrent les ennemis. Le prince Eugène vint se mettre à leur tête, piqué de la mauvaise manœuvre des Autrichiens; il dit qu'il voulait combattre avec de braves gens, et non pas avec des troupes qui lâchaient le pied. C'est un fait connu que mylord Marlborough prit vingt-sept bataillons et quatre régiments de dragons prisonniers dans le village de Blenheim, et que le gain de cette bataille fit perdre aux Français la Bavière et la Souabe.

Mylord Marlborough se rendit à Berlin, après avoir terminé cette glorieuse campagne, pour disposer Frédéric Ier à l'envoi d'un corps de ses troupes en Italie. Cet Anglais, qui avait jugé des projets de Charles XII en voyant une carte géographique étendue sur sa table, pénétra facilement le caractère de Frédéric Ier en jetant un regard sur sa cour. Il était rempli de soumission et de souplesse devant ce prince; il flattait adroitement sa vanité, et s'empressait à lui présenter l'aiguière lorsqu'il se levait de table. Frédéric ne put lui résister, et il accorda aux flatteries du courtisan ce qu'il aurait peut-être refusé au mérite du grand capitaine et à l'habileté du profond politique. Le fruit de cette négociation fut que le prince d'Anhalt marcha en Italie, à la tête de huit mille hommes.

La mort de la reine Sophie-Charlotte mit alors toute la cour en deuil. C'était une princesse d'un mérite distingué, qui joignait tous les appas de son sexe aux grâces de l'esprit et aux lumières de la raison. Elle avait voyagé, dans sa jeunesse, en Italie et en France, sous la conduite de ses parents; on la destinait pour le