<114>devant eux ces petits litiges; et la souveraineté de Neufchâtel fut assurée à la maison royale par la paix d'Utrecht.
Charles XII était parvenu alors au plus haut période de ses prospérités : il avait détrôné Auguste de Pologne, et lui avait prescrit les lois d'une paix dure, à Alt-Ranstädt, au milieu de la Saxe. Le Roi voulait disposer le roi de Suède à quitter la Saxe : il lui envoya son grand maréchal Printzen, pour le prier de ne point troubler la paix de l'Allemagne par le séjour qu'il y faisait avec ses troupes. Charles XII, qui avait d'ailleurs le dessein de quitter les États d'un prince qu'il avait mis aux abois, pour renouveler la même scène avec le Czar à Moscou, trouva mauvais que Printzen lui fît de pareilles propositions, et lui demanda ironiquement si les troupes prussiennes étaient aussi bonnes que les brandebourgeoises? « Oui, Sire, lui répondit l'envoyé, elles sont encore composées de ces vieux soldats qui se trouvèrent à Fehrbellin. »
Charles XII obligea l'Empereur, en passant par la Silésie, à restituer cent vingt-cinq églises aux protestants de ce duché; le Pape en murmura, et n'épargna pas les protestations et les plaintes. Joseph lui répondit : « Que si le roi de Suède lui eût proposé de se faire luthérien lui-même, il ne savait pas trop ce qui en serait arrivé. »
Ces mêmes Suédois, qui faisaient alors la terreur du Nord, rétablirent avec les Prussiens et les Hanovriens, dans la ville de Hambourg, le calme qu'une sédition populaire avait troublé. Frédéric Ier y envoya quatre mille hommes, pour soutenir les prérogatives des échevins et des syndics; il eut quelques démêlés avec ceux de Cologne, à cause que la populace de cette ville avait enfoncé les portes du résident prussien, qui tenait une chapelle réformée dans sa maison. Le Roi fit arrêter des marchandises des négociants de cette ville, qui descendaient le Rhin et passaient par Wésel; et il menaça d'interdire le culte catholique dans ses États, comme il en avait usé lorsque l'électeur palatin avait persécuté les protestants du Palatinat. La crainte de ces représailles fit rentrer la ville de Cologne dans son devoir, et lui apprit que la tolérance est une vertu dont il est quelquefois dangereux de s'écarter.