<134>leur tête. Le nombre d'obstacles qu'il y avait à vaincre, obligea les assiégeants à les lever successivement.

Le premier point était d'éloigner la flotte suédoise des côtes de la Poméranie, afin de priver Charles XII de toutes les sortes de secours qu'il pouvait attendre de la Suède. Le roi de Danemark ne voulait point risquer un combat avec l'escadre qu'il avait dans ces parages; et ce préalable du siége devint une affaire de négociation. Il est aussi facile de prouver à un homme clairvoyant la nécessité d'une chose par de bonnes raisons, qu'il est, pour ainsi dire, impossible de faire sentir l'évidence à un esprit borné, qui se défie de soi-même, et qui craint que les autres ne l'égarent. Cependant l'ascendant que le génie du roi de Prusse avait sur celui du roi de Danemark, força en quelque manière ce prince à voir la victoire que son amiral remporta sur l'escadre suédoise. Les deux rois furent spectateurs de ce combat, qui se donna à une lieue des côtes; et la mer devint libre aux alliés. Les Prussiens, commandés par le général Arnim, firent ensuite une descente sur l'île d'Usedom, d'où ils chassèrent les Suédois, et prirent le fort de Peenemünde, l'épée à la main.

Après que cet obstacle fut levé, on se prépara à l'attaque du retranchement. Pour le malheur des Suédois, il se trouva un officier prussien qui facilita cette entreprise, la plus difficile et la plus décisive de tout le siége. Cet officier s'appelait Gaudi.a Il se ressouvint que, dans le temps qu'il faisait ses humanités au collége de Stralsund, il s'était souvent baigné dans ce bras de mer, qui n'était ni profond ni fangeux, proche du retranchement. Pour plus de sûreté, il le sonda de nuit, et trouva qu'on y pouvait


a Le Roi rapporte aussi dans l'Histoire de mon temps, que cet officier contribua fortement à la prise de Stralsund, tandis que selon les autres sources, Hilmar Curas, Morgenstern, Seckendorff, Fassmann, Pöllnitz, et les journaux de siége de ce temps, tout l'honneur de ce fait revient à l'adjudant général, lieutenant-colonel de Köppen. Frédéric-Guillaume récompensa ce dernier d'une manière extraordinaire, en le nommant, le 8 novembre, lendemain du jour de cette action, colonel et chambellan en service ordinaire, et joignant à cette distinction la capitainerie de Stettin et de Jasenitz.
     Le colonel Maximilien-Auguste de Köppen est mort le 11 avril 1717; il avait été anobli vers 1712.
     Gaudi périt en 1745, au combat de Habelschwerdt, ayant le grade de colonel.