<137>porta en Suède. Quatorze années auparavant, il était parti de ce royaume comme un conquérant qui allait assujettir le monde à sa fortune, et il y revint alors comme un fugitif, poursuivi par ses ennemis, dépouillé de ses plus belles provinces, et abandonné de son armée.

Dès que le roi de Suède fut parti, la ville de Stralsund ne songea qu'à se rendre; la garnison capitula le 27b de décembre. Le général Dücker, qui en était gouverneur, envoya au quartier du roi de Prusse, pour traiter des articles de la capitulation. La garnison se rendit prisonnière de guerre; et deux bataillons prussiens, autant de Saxons, et autant de Hanovriens, prirent possession de cette ville. De tous les Suédois faits prisonniers dans le cours de cette campagne le Roi forma un nouveau régiment d'infanterie, qu'il donna au prince Léopold d'Anhalt, second fils de celui qui commandait ses armées.

Ensuite de cette expédition, les vainqueurs se partagèrent les dépouilles des vaincus : le Roi conserva cette partie de la Poméranie qui est située entre l'Oder et la Peene, petite rivière, qui sort du Mecklenbourg, et qui va se jeter dans la mer à Peenemünde; la Poméranie située entre la Peene et le duché de Mecklenbourg, fut restituée à la Suède par la paix de Stockholm; et George, roi d'Angleterre, acheta les duchés de Brême et de Verden, que le roi de Danemark avait conquis sur la Suède, et que la maison de Hanovre possède encore de nos jours.

Quoique la paix ne fût pas encore conclue, le Roi jouissait déjà tranquillement de ses conquêtes; il alla en Prusse, où il ne se fit point couronner.a Il pensait que cette cérémonie vaine convenait mieux à des royaumes électifs qu'à des royaumes héréditaires. En méprisant tous les dehors de la royauté, il n'en était que plus attaché à en remplir les véritables devoirs. Il parcourut la Prusse et la Lithuanie, et il fit le projet de rétablir ces provinces de la misère et du dépeuplement que la peste y avait occasionnés.

Pour ne point interrompre l'enchaînement des faits, nous


b Le 23.

a Le roi Frédéric-Guillaume Ier reçut la prestation de foi et hommage à Königsberg, le 11 septembre 1714.