<151>n'étaient pas en état d'en donner. Il augmenta, la même année, le corps des cadets, où trois cents jeunes gentilshommes font leur noviciat du métier des armes. Quelques vieux officiers veillent à leur éducation; et ils ont des maîtres pour leur donner des connaissances, et pour leur apprendre les exercices qui conviennent à des personnes de condition. Il n'est aucun soin plus digne d'un législateur que celui de l'éducation de la jeunesse. Dans un âge encore tendre ces jeunes plantes sont susceptibles de toutes sortes d'impressions : si on leur inspire l'amour de la vertu et de la patrie, ils deviennent de bons citoyens; et les bons citoyens sont les derniers remparts des empires. Si les princes méritent nos louanges en gouvernant leurs peuples avec justice, ils enlèvent notre amour en étendant leurs soins jusqu'à la postérité.

Le Roi envoya la même année le comte de Truchsessa en France, pour féliciter Louis XV, qui, ayant atteint l'âge de majorité, fut sacré à Rheims.

Les calomnies que l'on avait répandues contre le duc d'Orléans, avaient fait des impressions si fortes dans le public, que la France s'attendait chaque jour à la mort de son roi, lorsqu'elle vit arriver inopinément celle du Régent. Ce prince, ayant passé le temps où il avait coutume de se faire saigner, fut attaqué d'apoplexie entre les bras de la duchesse de Falaris, dans un moment d'extase, qui fit douter s'il avait rendu l'âme par un sentiment de plaisir ou de douleur. Lorsque le roi Auguste de Pologne apprit les détails de cette mort, il dit ces mots de l'Écriture : « Ah que mon âme meure de la mort de ce juste! » Le cardinal du Bois avait précédé le Régent de quelques mois, et le peuple divulguait qu'il était parti pour préparer un quartier au Régent chez quelque Fillon de l'autre monde.

La Régence finit par la mort du duc d'Orléans, et le duc de Bourbon devint premier ministre. Ce changement dans le gouvernement de la France, et quelques entreprises de la maison d'Autriche contraires aux traités de paix, firent changer tout le système de l'Europe. Voici de quoi il était question : l'Empereur avait fait expédier des lettres de commission aux marchands d'Ostende pour trafiquer aux Indes. Cela réveilla l'attention de


a Charles-Louis comte de Truchsess-Waldbourg, général-major.