<164>déjà fort âgé, pouvait venir à mourir. Il croyait ses droits sur la succession de Juliers légitimes, et l'entreprise sur la Prusse polonaise injuste.
La diète d'élection, qui se tint à Varsovie, élut d'une commune voix Stanislas roi de Pologne, malgré les intrigues des cours de Vienne et de Pétersbourg, et malgré les armées russes et autrichiennes qui menaçaient cette république. Quelques palatins qui tenaient pour la Saxe, passèrent la Vistule, allèrent au village de Praga, s'assemblèrent dans une auberge, et y élurent pour roi Auguste, électeur de Saxe; sur quoi, les troupes moscovites s'approchèrent de Varsovie. L'orage succéda au calme, et Stanislas descendit pour la seconde fois du trône de Pologne, où les vœux d'une nation libre l'avaient fait monter. Il se réfugia à Danzig, où Münnich vint l'assiéger avec les Russes et les Saxons. Une dame polonaise, nommée Masalska, tira le premier coup de canon du rempart sur les assiégeants, pour déterminer la bourgeoisie à une défense généreuse. Louis XV envoya trois bataillons au secours de son beau-père, trop tard pour sauver Danzig, et trop tôt pour le malheur qui leur arriva. Le marquis de Plélo, qui les conduisait, fut tué, et ces trois bataillons, débarqués sur une île, ne pouvant regagner le bord de leurs vaisseaux, et manquant de vivres, furent faits prisonniers, et conduits à Saint-Pétersbourg.
Les Russes attaquèrent ensuite les ouvrages du Hagelsberg, où ils perdirent quatre mille hommes. La ville, déchirée par des dissensions intestines, et qui d'ailleurs n'avait plus de secours à attendre, était sur le point de capituler. Dans cette extrémité, Stanislas se sauva la veille de sa réduction. Il souffrit, pendant sa fuite, la plus cruelle misère; et, après avoir couru des risques inouïes pour sa personne, que les Russes poursuivaient, et avoir eu les aventures les plus singulières, il arriva à Marienwerder, déguisé en paysan, et de là il se rendit à Königsberg, après que le Roi l'eut assuré de sa protection.
Les troubles de la Pologne gagnèrent toute l'Europe. Dès qu'on eut appris à Versailles que l'Empereur assemblait des troupes auprès de Glogau, et que les Russes étaient entrés sur les terres de la République, la France déclara la guerre à l'Em-