<168>Don Carlos entra en même temps dans le royaume de Naples, et en reçut l'hommage. Montemar affermit son trône par le gain de la bataille de Bitonto. Visconti et les Autrichiens furent chassés de ce royaume; et Montemar passa de la conquête de Naples à celle de la Sicile : il prit Syracuse, et se rendit maître de Messine, qui capitula après avoir fait une assez bonne défense.

En Lombardie, les Autrichiens furent encore battus à Parme; et sur le Rhin, la campagne fut plus stérile que l'année précédente. L'armée impériale fut augmentée par un secours de dix mille Russes. L'inquiet Seckendorff obtint du prince Eugène un détachement de quarante mille hommes, avec lequel il marcha sur la Moselle. Il rencontra l'armée française auprès de l'abbaye de Clausen : la nuit sema la confusion et l'alarme dans les deux camps; et les troupes chargèrent des deux parts, sans qu'il parût d'ennemis. Le lendemain, Coigny repassa la Moselle, et se campa sous Trèves. Seckendorff le suivit; et les deux généraux apprirent, dans ce camp, que les préliminaires de la paix entre l'Empereur et le roi de France étaient signés.

Cette négociation avait été conduite secrètement entre le comte de Wied et le sieur du Theil. Ils étaient convenus qu'Auguste serait reconnu roi de Pologne par la France; que Stanislas renoncerait à toutes ses prétentions à cette couronne, en faveur du duché de Lorraine, dont il jouirait, et qui serait réversible à la France après sa mort; qu'en échange de cette cession, on donnerait au duc de Lorraine, gendre de Charles VI, la Toscane en dédommagement. De plus, l'Empereur reconnut Don Carlos roi des deux Siciles, et il reçut le Parmesan et le Plaisantin pour équivalent de cette perte. Il fut encore obligé de céder le Vigevanasc au roi de Sardaigne; en faveur de quoi, Louis XV lui promit la garantie de la pragmatique sanction.

L'Empereur et la France firent cette paix sans consulter leurs alliés, dont ils négligèrent les intérêts. Le Roi se plaignit de ce que la cour de Vienne n'avait pris aucune mesure avec celle de Versailles pour assurer la succession de Berg.

Ce prince s'était remis de son hydropisie; mais ses forces étaient si énervées, que son corps ne secondait plus les intentions de son âme. Il eut cependant le plaisir de voir prospérer une