<188>Tant d'officiers qui faisaient la guerre dans les pays des places fortes, où l'on ne fait qu'assiéger et défendre des villes, nous enrichirent enfin de l'art de la fortification; beaucoup acquirent assez d'intelligence pour conduire les attaques et les tranchées, ou pour défendre une forteresse assiégée.

Frédéric Ier fit fortifier Magdebourg et Wésel selon la méthode de Vauban et de Coehorn; il avait à son service le général Schöning,a commandant de Magdebourg, qui entendait bien cette partie du militaire, et Bodt, qu'on accusa cependant d'être plus habile maçon que savant ingénieur.

Les guerres de Flandre, du Rhin et d'Italie avaient formé chez les Prussiens beaucoup d'officiers de réputation. Le margrave Charles, qui mourut en Italie, se couvrit de gloire à la bataille de Nerwinde. Le général Lottum fut très-estimé; il commanda des détachements de l'armée de Flandre, et fut enfin tué à la bataille de Malplaquet.a Dans cette même bataille, le comte de Finck donna des marques de sa capacité : il emporta le retranchement français, et s'y maintint quoique la cavalerie impériale en fût rechassée par trois fois. A la bataille d'Oudenarde, le général Natzmer, à la tête des grands mousquetaires,b perça trois lignes de la cavalerie française, et y fit des prodiges de valeur.

Au-dessus de tous ceux-là s'élevait le prince d'Anhalt; il avait par devers lui les actions les plus brillantes et la confiance générale des troupes : ce fut lui qui sauva l'armée de Styrum, à Höchstädt, par une belle retraite dont nous avons parlé en son lieu; ce fut lui qui contribua beaucoup au gain de la seconde bataille de Höchstädt, si funeste aux Français; et ce fut lui que le prince Eugène reconnut comme l'auteur principal de la victoire


a Lüdecke-Ernest de Schöning, général-major et commandant de la garde à pied depuis 1689, fut à la vérité nommé gouverneur de Magdebourg le 23 mai (2 juin) 1691, mais il n'est jamais entré en fonctions : au lieu de se rendre à Magdebourg, il suivit son cousin Hans-Adam de Schöning, en qualité de lieutenant-général, au service de l'électeur de Saxe, après la campagne du Rhin de 1692.

a Philippe-Charles comte de Wylich et Lottum, promu au grade de feld-maréchal en 1713, ne mourut qu'en 1719 : c'est le général-major Daniel de Tettau qui fut tué à la bataille de Malplaquet.

b A la tête des gendarmes.