<220>connue, et la justice, hors d'activité. Les seigneurs de Quitzow et de Neuendorff,a indignés du joug odieux que portait leur patrie, firent une guerre ouverte aux soustyrans qui l'opprimaient. Dans cette confusion totale, et pendant cette espèce d'anarchie, le peuple gémissait dans la misère; les nobles étaient tantôt les instruments, tantôt les vengeurs de la tyrannie; et le génie de la nation, abruti par la dureté de l'esclavage et par la rigueur d'un gouvernement barbare, demeurait engourdi et paralytique.
ÉPOQUE TROISIÈME.
L'empereur Sigismond débrouilla ce chaos, en conférant le Brandebourg et la dignité électorale à Frédéric de Hohenzollern, burgrave de Nuremberg. Ce prince exigea l'hommage de ses nouveaux sujets; mais le peuple, qui ne connaissait que des maîtres cruels, eut de la peine à se soumettre à cette domination douce et légitime. Frédéric Ier réduisit les gentilshommes à l'obéissance, par la terreur que répandit le gros canon avec lequel il forçait les châteaux des rebelles; ce canon était une pièce de vingt-quatre livres, en quoi consistait toute son artillerie. L'esprit de sédition ne se perdit pas si vite; les bourgeois de Berlin se révoltèrent à différentes reprises contre leurs magistrats : Frédéric II appaisa ces émeutes avec douceur et sagesse.
La nécessité obligea ce prince d'hypothéquer les péages de Schivelbein et de Drambourg au sieur Denis d'Osten, pour obtenir la somme de mille cinq cents florins, dont il avait besoin pour se rendre à la diète de Nuremberg.
Les choses restèrent dans cette situation jusqu'à Jean le Cicéron : cet électeur fit les premiers efforts pour tirer le peuple de son imbécillité et de son ignorance. C'était beaucoup, dans ce temps de ténèbres, de s'apercevoir qu'on était ignorant. Quoique cette première aurore du bon esprit ne fût qu'un faible crépuscule, elle produisit toutefois la fondation de l'université de
a Holtzendorff.