<231>messieurs de Beausobre et Lenfant, savants dont les plumes auraient fait honneur aux siècles d'Auguste et de Louis XIV.

Othon de Guericke fleurissait encore à Magdebourg; c'est le même auquel nous devons l'invention de la pompe pneumatique, et qui par une heureuse destinée a rendu son esprit philosophique et inventifa héréditaire à ses descendants.

Les universités prospéraient en même temps; Halle et Francfort étaient fournies de savants professeurs : Thomasius, Gundling, Ludewig, Wolff et Stryke tenaient le premier rang pour la célébrité,b et faisaient nombre de disciples. Wolff commenta l'ingénieux système de Leibniz sur les monades, et noya dans un déluge de paroles, d'arguments, de corollaires et de citations, quelques problèmes que Leibniz avait jetés peut-être comme une amorce aux métaphysiciens. Le professeur de Halle écrivit laborieusement nombre de volumes, qui, au lieu de pouvoir instruire des hommes faits, servirent tout au plus de catéchisme de dialectique pour des enfants. Les monades ont mis aux prises les métaphysiciens et les géomètres d'Allemagne, et ils disputent encore sur la divisibilité de la matière.

Le Roi fonda même à Berlin une académie pour des jeunes gens de condition, sur le modèle de celle de Lunéville; malheureusement elle ne subsista pas longtemps.

Ce siècle ne produisit aucun bon historien. On chargea Teissier d'écrire l'histoire du Brandebourg : il en fit le panégyrique. Pufendorf écrivit la vie de Frédéric-Guillaume; et, pour ne rien omettre, il n'oublia ni ses clercs de chancellerie ni ses valets de chambre dont il put recueillir les noms. Nos auteurs ont, ce me semble, toujours péché faute de discerner les choses essentielles des accessoires, d'éclaircir les faits, de resserrer leur prose traî-


a Il est difficile de reconnaître à quoi ces mots ont trait; car bien que nous sachions d'une manière certaine que le père et le fils d'Othon de Guericke, lequel mourut en 1686, ont suivi, comme lui, la carrière diplomatique, nous ne connaissons rien d'eux qui justifie ces épithètes de philosophique et d'inventif.

b Parmi les célébrités universitaires, Frédéric Hoffmann et George-Ernest Stahl, professeurs à Halle, semblent avoir été oubliés. Hoffmann retourna à Halle, après avoir été, de 1709 à 1712, médecin du roi Frédéric Ier; il y professa jusqu'à sa mort, arrivée en 1742. Stahl professait à Halle depuis vingt-deux ans, lorsque le Roi l'appela à Berlin, où il mourut en 1734.