<25>litigieuse, en se réservant cependant leurs droits respectifs. L'empereur Rodolphe, qui voulait s'emparer de cet héritage sous prétexte de le mettre en séquestre, facilita cet accord. L'archiduc Léopold se mit effectivement en devoir de s'en emparer; mais les princes protestants s'y opposèrent, et formèrent cette célèbre alliance qu'on nomma l'Union, et dans laquelle Jean-Sigismond entra des premiers.a Pour contre-balancer l'Union, les princes catholiques firent un traité semblable à Würzbourg, qu'on nomma la Ligue. L'Électeur était favorisé des Hollandais, qui craignaient le séquestre impérial; et le duc de Neubourg, par Henri IV, roi de France : mais lorsque ce prince se préparait à le secourir, il fut assassiné par Ravaillac.7
L'Électeur avait tenté un accommodement avec le duc de Neubourg : mais, à une entrevue qu'ils eurent, dans la chaleur de la dispute, Jean-Sigismond donna un soufflet à ce prince;b ce qui brouilla les choses de nouveau. On peut juger, par ce trait singulier, de la politesse et des mœurs de ce temps. En 1611, on tenta un autre accommodement, à Jüterbog, avec l'électeur de Saxe,a au sujet de la même succession, sans que les princes s'y trouvassent, car les entrevues étaient devenues dangereuses; mais le duc de Neubourg protesta contre ce traité, et il ne fut jamais mis en exécution.
Le duc Albert de Prusse, époux de Marie-Éléonore et beau-père de Jean-Sigismond, avait eu le malheur de tomber en démence.b Joachim-Frédéric avait administré la Prusse depuis qu'il se trou-
7 Voyez les Mémoires de Sully [édit. d'Amsterdam, 1725, in-12, t. XI, p. 208, 209].
a L'Électeur n'entra pas dans l'union d'Auhausen, formée le 4 mai 1608, et contre-balancée par la ligue de Munich, formée le 10 juillet 1609; mais il assista à la diète de l'Union, tenue à Hall en Souabe, et y signa le recez, du 3 février 1610.
b La source, jusqu'ici inconnue, où ce fait a été puisé, est l'ouvrage publié, en 1633, par Henri II, duc de Rohan, et intitulé De L'Intérêt des Princes et États de la Chrétienté.
a L'Électeur se trouva en effet à Jüterbog avec quelques autres princes; c'est là que fut conclu un traité avec la Saxe, le 21 mars 1611. La scène du château de Düsseldorf n'eut lieu qu'en 1613.
b Le duc Albert-Frédéric tomba en démence l'an 1573; et, à dater de 1578, le margrave d'Ansbach, George-Frédéric, lui fut donné pour curateur. Après la mort de ce dernier, qui eut lieu en 1603, l'électeur Joachim-Frédéric le remplaça dans ces fonctions, en 1605.