<37>Les électeurs de Brandebourg et de Saxe, désapprouvant la conduite des Magdebourgeois, résolurent de se tenir constamment attachés à l'Empereur, et d'assembler leur arrière-ban pour s'opposer aux Suédois.

A l'approche de Gustave-Adolphe, l'Électeur fit élever à la hâte quelques ouvrages de terre devant les portes de Berlin; il fit planter quelques canons sur les remparts; manquant de troupes et n'ayant pas eu le temps de rassembler l'arrière-ban, il obligea les bourgeois à monter la garde et à veiller à la sûreté de la ville.

Cependant Gustave-Adolphe traversait la Marche, et courait au secours du duc de Mecklenbourg. Ce roi, aussi politique que brave, fit observer à ses troupes une discipline exacte; il avait dessein d'engager tous les protestants dans ses intérêts, publiant partout qu'il n'était venu en Allemagne que dans l'intention de délivrer les princes du joug que l'Empereur leur imposait, et surtout pour défendre la liberté de la religion. La France et la Suède avaient le même intérêt de s'opposer au despotisme de la maison d'Autriche : elles s'allièrent bientôt; et leur traité, entamé longtemps auparavant, fut conclu à Bärwalde.

Les Impériaux, dont les forces étaient divisées, songèrent à se joindre pour tenir tête aux Suédois. Tilly laissa quelques troupes qui continuèrent à bloquer Magdebourg, et marcha avec le gros de ses forces à Francfort-sur-l'Oder, où il se joignit avec Torquato Conti; il traversa ensuite l'Électorat, pour attaquer les Suédois, qui faisaient des progrès dans le Mecklenbourg. Mais la fortune de Gustave-Adolphe avait un ascendant marqué sur celle du général impérial : le roi de Suède quitta le Mecklenbourg; il passa l'Oder à Schwedt; il prit Landsberg en passant, et mit le siége devant Francfort, que sept mille Impériaux défendaient; il prit la ville et une nombreuse artillerie qui y était gardée; il s'empara encore de Crossen; et puis il tourna brusquement vers Berlin, pour secourir Magdebourg, que Tilly était revenu assiéger en personne.

Lorsque Gustave-Adolphe arriva à Cöpenick, il demanda à l'Électeur qu'il lui remît les forteresses de Spandow et de Cüstrin, sous prétexte d'assurer sa retraite, mais véritablement dans l'intention d'engager malgré lui George-Guillaume dans ses intérêts.