<38>L'Électeur, étonné de cette proposition singulière, ne put se résoudre à rien; les ministres proposèrent une entrevue entre ces deux princes. George-Guillaume alla au-devant du Roi, à un quart de mille de Berlin; l'entrevue se fit dans un petit bois : l'Électeur y trouva le Roi, escorté de mille fantassins et de quatre canons. Gustave-Adolphe réitéra les propositions qu'il avait déjà faites à George-Guillaume; l'Électeur, jeté dans le plus cruel embarras, ne sachant à quoi se déterminer, demanda une demi-heure pour consulter ses ministres. Le monarque suédois s'entretint, en attendant, avec les princesses et les dames de la cour. Les ministres de George-Guillaume, après avoir donné leur avis, en revenaient toujours à ce refrain : « Que faire? ils ont des canons. » Après avoir longtemps délibéré et rien conclu, on pria le roi de Suède de se rendre à Berlin. Gustave-Adolphe entra dans cette capitale avec toute son escorte : deux cents Suédois montèrent la garde au château de Berlin; le reste des troupes fut logé chez les bourgeois. Le lendemain, toute l'armée suédoise se campa aux portes de la ville; et l'Électeur, qui n'était plus le maître chez lui, consentit à tout ce que voulait le roi de Suède. Les troupes suédoises qui occupèrent les forteresses de Cüstrin et de Spandow, prêtèrent serment à l'Électeur; et le Roi lui promit de lui remettre ces places, dès que le besoin qu'il en avait serait passé. Gustave-Adolphe s'avança au delà de Potsdam; et les Impériaux, qui tenaient Brandebourg et Rathenow, se replièrent à son approche sur l'armée qui faisait le siége de Magdebourg. L'électeur de Saxe refusa aux Suédois le passage sur le pont de l'Elbe à Wittenberg; ce qui empêcha Gustave de secourir la ville de Magdebourg, comme il en avait l'intention.

Cette malheureuse ville, que Wallenstein ni Tilly n'avaient pu prendre par la force, succomba à la fin à la ruse. Les Impériaux avaient entamé une négociation avec les Magdebourgeois, par l'entremise des villes anséatiques. Ils affectaient, pendant ces pourparlers, de ne point tirer sur la place. Les Magdebourgeois, crédules et négligents à la fois, s'endormirent dans cette sécurité apparente. Les bourgeois qui avaient fait de nuit la garde sur le rempart, se retiraient vers le matin en grande partie dans leurs maisons. Pappenheim, qui dirigeait le siége, et qui était avancé