<40>Impériaux fut d'autant plus en horreur, que l'histoire ne présente que peu d'exemples d'une aussi grande inhumanité.

Après la perte de Magdebourg, Gustave-Adolphe vint camper auprès de Berlin pour la seconde fois; il était outré de n'avoir pu sauver cette ville alliée, et il en rejetait la faute sur les électeurs de Brandebourg et de Saxe. George-Guillaume députa l'Électrice et toutes les princesses de sa cour au camp du roi de Suède, pour l'apaiser : il s'y rendit enfin lui-même, et il accorda au roi tout ce qu'il voulut lui demander. Lorsque l'Électeur s'en retourna à Berlin, l'armée suédoise le salua d'une triple décharge de canons. Comme ces pièces étaient chargées à balles et braquées vers la ville, il y eut beaucoup de maisons et de toits que les boulets endommagèrent; les habitants trouvèrent cette civilité un peu gothique et hérule. Le lendemain l'armée suédoise passa la Sprée et défila par la ville.

L'Électeur excusa sa conduite auprès de Ferdinand II, en lui représentant qu'il n'avait pas été en état de résister à la violence d'un prince puissant qui lui avait prescrit des lois à main armée; l'Empereur répondit sèchement que les Suédois ne ménageraient pas plus les Marches, que n'avaient fait les Impériaux.

L'électeur de Saxe, qui voyait prospérer les armes des Suédois, se rangea du côté de la fortune, et donna l'exemple à tous les princes protestants. Les Suédois rendirent à l'Électeur Spandow et Cüstrin; ils inondèrent ensuite la Basse-Saxe, entrèrent dans la Vieille-Marche, et prirent le camp de Werben, poste d'une assiette admirable et situé au confluent de la Havel dans l'Elbe. Tilly, craignant pour Pappenheim, qui avait été obligé de s'enfermer dans Magdebourg, quitta la Thuringe, et vint à son secours. Il s'avança vers le camp du roi de Suède. Le génie heureux de ce prince, qui facilitait toutes ses entreprises, lui fit naître le dessein de surprendre l'avant-garde de Tilly, composée de trois régiments, que ce général avait trop aventurés. Il exécuta ce projet lui-même, tailla ce corps en pièces, après quoi il retourna dans son camp. Tilly, qui voulait laver cet affront, marcha droit aux Suédois; mais l'assiette du camp était si forte, et les dispositions du Roi, si bonnes, qu'il n'osa pas en courir le hasard. Il manqua de vivres; et, se trouvant obligé de se retirer,