<45>cela n'empêchait pas les Suédois de faire des courses bien avant dans le pays, et de pousser même leurs partis jusqu'à Oranienbourg.
Baner, pour éloigner la guerre de la Poméranie, qu'il voulait conserver à la couronne de Suède, assembla son armée à Rathenow, et marcha par Wittenberg à Halle, espérant encore de délivrer la garnison suédoise de Magdebourg, que les Impériaux tenaient extrêmement pressée. L'électeur de Saxe accourut en Misnie, où il se joignit à un corps d'Impériaux que Morosini commandait. La guerre s'arrêta longtemps aux bords de la Saale; les Saxons contraignirent cependant Baner à se retirer, et les Impériaux prirent Magdebourg. Baner passa par le pays de Lünebourg, et revint dans la Marche; Wrangel le joignit avec un renfort de huit mille hommes : ils surprirent et forcèrent Brandebourg et Rathenow, où il y avait garnison impériale. Ainsi ce malheureux électorat devenait la proie du premier occupant; ceux qui prenaient le nom d'amis, de même que ceux qui se disaient ennemis déclarés, en tiraient des contributions exorbitantes, pillaient, saccageaient, dévastaient le pays, et y faisaient les maîtres pendant qu'ils y étaient : toutes les villes situées le long de la Havel furent, en moins de six semaines, deux fois pillées par les Suédois, et une fois par les Impériaux. Cette désolation était universelle; le pays n'était pas ruiné, mais il était abîmé totalement.
La fatalité de ces temps fit que la fortune ne se déclara jamais entièrement pour un parti, et que, semblant vouloir perpétuer la guerre, elle relevait inopinément ceux qu'elle avait abattus, et rabaissait ensuite ceux qu'elle avait relevés.
La manière dont on faisait la guerre alors, était différente de celle dont on la fait à présent : les princes ne faisaient que rarement de grands efforts pour lever des troupes; ils entretenaient, en temps de guerre, une ou, selon leur puissance, plusieurs armées; le nombre de chacune ne passait pas d'ordinaire vingt-quatre mille hommes; ces troupes vivaient du pays où elles étaient employées; elles cantonnaient ordinairement, et ne campaient que lorsqu'elles voulaient donner bataille, ce qui leur rendait les subsistances faciles. Lorsque l'Empereur ou le roi de