<46>Suède voulaient exécuter quelque grand projet, ils joignaient deux armées, au moyen desquelles ils gagnaient la supériorité. Les généraux dont les corps étaient les plus faibles, ayant comparé les forces des ennemis avec les leurs, se retiraient sans combattre; et comme ils vivaient également partout à discrétion, il leur était indifférent d'abandonner un pays, parce qu'ils en trouvaient toujours un autre à piller. Cette méthode prolongeait la guerre, ne décidait rien, consommait plus de monde par sa durée que celles d'à présent; et la rapine et le brigandage des troupes dévastaient totalement les provinces qui servaient de théâtre de guerre aux armées.
Baner remporte une victoire, à Wittstock, sur les Impériaux et les Saxons : les Suédois reprennent tout d'un coup la supériorité; les troupes battues et fugitives ne s'arrêtent qu'à Leipzig. Les Suédois inondent la Marche de nouveau; Wrangel entre à Berlin, et y met cinq compagnies en garnison; après quoi il redemande à l'Électeur ses forteresses. George-Guillaume, qui s'était retiré à Peitz, lui répondit qu'il s'abandonnait à la discrétion des Suédois, mais que les Impériaux étaient maîtres de ses places, et qu'il n'en pouvait pas disposer. Wrangel prit ses quartiers, et hiverna dans la Nouvelle-Marche.
Dans ce temps mourut Ferdinand II, ce fier oppresseur de l'Allemagne. Son fils Ferdinand III, qu'il avait fait élire roi des Romains, lui succéda, comme si ce trône avait été héréditaire. Bogislas, dont la famille avait possédé le duché de Poméranie pendant sept cents ans, mourut de même pendant ces troubles, et avec lui s'éteignit toute sa maison. Les armées suédoises, maîtresses de la Poméranie et des États du Brandebourg même, empêchèrent l'Électeur de faire valoir ses droits sur ce duché; il se contenta d'envoyer un trompette aux états de la Poméranie, pour leur ordonner de traiter les Suédois comme des ennemis. Cette ambassade singulière n'eut aucun effet; sans doute que l'Électeur se servit d'un trompette, à cause qu'il crut qu'il passerait plus facilement qu'un homme de condition à travers les troupes suédoises.
Cependant les Impériaux, sous les ordres de Hatzfeld et de Morosini, chassèrent Baner de la Saxe, le poussèrent au delà de