<59>retira ses troupes par le bois qu'il avait passé la veille, et vint se former sur la plaine, à la gauche des troupes que l'Électeur avait déjà déployées.

L'armée polonaise sortit alors de son retranchement par sa droite, et forma un front supérieur à celui des alliés; elle avait disposé toute sa cavalerie sur sa droite, que couvrait un village garni d'infanterie, qui était flanqué et défendu par une batterie placée sur une éminence. Le roi de Suède se porta avec sa gauche sur leur flanc droit; aussitôt les Polonais mirent le feu au village, l'abandonnèrent, et se rallièrent derrière un village plus en arrière, qu'un marais couvrait. Le Roi les poursuivit, et leur gagna le flanc pour la seconde fois; ce qui produisit de la part des Polonais un nouvel incendie de village, et une nouvelle retraite. Dans ce danger, la cavalerie polonaise fit un effort général : elle attaqua les alliés en flanc, en dos et de front, tout à la fois. Comme toutes les troupes étaient disposées pour les bien recevoir, la réserve repoussa ceux qui venaient par derrière; les troupes qui étaient dans les flancs, ceux qui vinrent de ce côté-là; et le corps de bataille les mit en désordre après quelques décharges, de sorte qu'ils fuyaient de tous les côtés. La nuit déroba pour cette fois une victoire complète aux Suédois; ils attendirent sur le champ de bataille, les armes à la main, que le jour vînt achever leur triomphe.

Le lendemain, de bonne heure, le roi de Suède jugea à propos de changer son ordre de bataille : il forma ses deux premières lignes d'infanterie, et mit sa cavalerie sur la troisième, à l'exception des cuirassiers et des dragons brandebourgeois, que l'Électeur mit à la droite de ses troupes, trouvant l'occasion convenable de s'en servir.

L'ennemi était demeuré en possession d'un bois situé vis-à-vis de la gauche; on y détacha une brigade d'artillerie, soutenue de cinq cents chevaux : après quelques décharges de canons, la cavalerie chassa l'ennemi du bois, et les alliés le firent occuper par deux cents fantassins. Cette opération était d'autant plus nécessaire, que tant que les ennemis restaient maîtres de ce bois, ils protégeaient leur cavalerie, de manière qu'on aurait pu difficilement l'entamer. L'Électeur attaqua alors la cavalerie polonaise,