<61>soit pour en profiter lui-même : il envoya Hatzfeld à la tête de seize mille hommes au secours de cette république. Le Danemark épousa également les intérêts de la Pologne, en haine de la Suède. Cette ligue puissante devenait pour Gustave un présage certain de l'inconstance de la fortune. Ferdinand III, non content d'assister les Polonais de ses troupes, voulut les délivrer d'un ennemi redoutable, et il sollicita Frédéric-Guillaume, dans les termes les plus pressants, de se détacher des Suédois.

L'Électeur, pressé de tous les côtés, se résolut de prévenir les lois de la nécessité : il se prêta de bonne grâce à ce qu'il n'était pas en état de refuser; et, prévoyant que l'Empereur et le roi de Danemark pouvaient le contraindre de quitter le parti des Suédois en faisant une irruption dans ses États d'Allemagne, il signa à Wehlau sa paix avec les Polonais. Cette couronne reconnut la souveraineté de la Prusse; elle lui céda les bailliages de Lauenbourg et de Bütow, en dédommagement de l'évêché de Warmie; la ville d'Elbing lui fut engagée moyennant une somme d'argent; et la succession de Prusse fut étendue sur ses cousins les margraves de Franconie; la Pologne et le Brandebourg se promirent un secours réciproque de deux mille hommes; l'Électeur évacua toutes les villes dépendantes de cette république où il avait garnison : et ce traité important fut confirmé à Braunsberg.a

Comme les anciennes liaisons que l'Électeur avait eues avec la Suède et avec la France, étaient rompues par la paix qu'il venait de faire avec les Polonais, il trouva à propos d'y suppléer par des liaisons nouvelles, et il fit une alliance avec l'Empereur et le roi de Danemark. Par ce traité, Ferdinand III s'engageait de fournir six mille hommes, et Frédéric-Guillaume, un contingent de trois mille cinq cents hommes, à celles des parties contractantes qui pourraient en avoir besoin. L'archiduc Léopold,b que dès l'année 1653 son père avait fait élire roi des Romains, malgré la bulle d'or et contre l'intention de la plupart des princes


a Bromberg.

b Ce ne fut point l'archiduc Léopold que son père, l'empereur Ferdinand III, fit élire roi des Romains en 1653, mais son frère aîné Ferdinand IV, roi de Hongrie. Celui-ci étant mort l'année suivante, l'archiduc Léopold, après le décès de son père, fut unanimement élu empereur, en 1658.