<78>Wangelin, qui avait été fait prisonnier à Rathenow, fit quelques ouvertures, promit de grands avantages, et se servit de toutes les séductions de la politique, pour engager l'Électeur à se réconcilier avec la Suède : mais Frédéric-Guillaume, loin d'entrer dans aucune négociation, rejeta loin de lui des propositions aussi contraires à sa gloire. Il se mit à la tête de ses troupes, et prit Anclam, malgré l'opposition qu'y mit le général Königsmarck : il tourna ensuite ses armes victorieuses vers Stettin, qu'il se contenta de bloquer, la saison étant trop avancée pour en faire le siége dans les formes.
La campagne suivante s'ouvrit sur mer par une bataille navale, où la flotte suédoise fut défaite par celle des Danois. Charles XI, qui n'avait été que pupille jusqu'alors, parvenu à l'âge de majorité, commença à paraître comme roi : il se mit à la tête de son armée, et, pour son coup d'essai, il gagna la fameuse bataille de Lund en Scanie, où Christian V fut mis en fuite, après avoir laissé six mille hommes sur la place.
La fortune des Suédois, qui prévalait contre le roi de Danemark, devenait impuissante contre l'Électeur; cette campagne de Poméranie fut pour les Suédois une des plus malheureuses.
L'Électeur, qui pendant l'hiver avait bloqué Stettin, fit ouvrir la tranchée le 6 de juina devant cette place; les Brandebourgeois attaquèrent cette ville par la rive gauche de l'Oder; et les Lünebourgeois, qui s'étaient joints à l'Électeur, poussèrent leurs approches du côté de la rive droite de cette rivière :b le siége dura six mois de tranchée ouverte.
Les fortifications de Stettin consistaient dans des boulevards de terre, entourés d'un fossé et défendus par une mauvaise contrescarpe; quelques redoutes étaient ses seuls ouvrages extérieurs. Selon la méthode dont on se sert pour assiéger les places à présent, cette bicoque aurait été incapable de faire une longue résistance : alors les troupes de l'Électeur, accoutumées aux guerres
a Le Theatrum europaeum, t. XI, p. 1038, et les autres sources, diffèrent sur cette date.
b Les Brandebourgeois et les Lünebourgeois attaquèrent également Stettin par la rive gauche de l'Oder, mais les premiers, au-dessus de la ville, et les derniers, au-dessous.