<79>de campagne, n'avaient point l'expérience des siéges; elles étaient excellentes pour des coups de main, mais elles menaient peu de gros canons, peu de mortiers avec elles, et elles manquaient surtout d'habiles ingénieurs.

Stettin capitula le 14 décembre.c La garnison était réduite à trois cents hommes; et les relations de ces temps assurent que les assiégeants y perdirent dix mille hommes. Il paraît cependant clairement que ce nombre a été grossi, soit que ces auteurs crussent qu'un siége ne devenait fameux qu'à proportion du monde qu'il coûtait, soit qu'ils fussent trompés eux-mêmes par de fausses nouvelles : les plus grandes forteresses maçonnées, casematées et minées, que de grandes armées assiégent, ne coûtent pas aussi cher aux princes qui les prennent, que ce mauvais retranchement coûta, selon ces auteurs, aux Brandebourgeois. Après la prise de cette ville, les Lünebourgeois se retirèrent chez eux.

Les avantages brillants que l'Électeur remporta sur ses ennemis, ne firent pas sur la cour impériale l'impression favorable à laquelle on devait s'attendre : l'Empereur voulait avoir de faibles vassaux et de petits sujets, et non pas des princes riches et des électeurs puissants. Comme sa politique tendait au despotisme, il comprenait de quelle importance il était de tenir les princes dans la médiocrité et dans l'impuissance; ses conseillers, et entre autres un certain Hocherus, eurent même l'impudence de dire : « Qu'on voyait à Vienne avec chagrin qu'un nouveau roi des Vandales s'agrandît sur les bords de la Baltique. » Ou il fallait le souffrir et se taire, ou il fallait avoir des moyens pour l'empêcher.

Pendant que les expéditions militaires de l'Électeur n'étalaient qu'une suite de prospérités et de triomphes, Louis XIV donnait des lois à l'Europe, et lui prescrivait des conditions de paix. Par le traité de cette année, la France resta en possession de la Franche-Comté, qui lui fut annexée pour jamais, d'une partie de la Flandre espagnole, et de la forteresse de Fribourg. Après que cette paix eut été signée à Nimègue, le prince d'Orange tenta vainement de la rompre, en livrant l'inutile combat de Saint-


c Le 27 décembre 1677 est indiqué sur toutes les médailles comme le jour de la capitulation de Stettin et de l'entrée triomphale du Grand Électeur.