<86>conquêtes; il avait établi des chambres de réunion qui, par l'examen d'anciennes chartes et d'anciens documents, lui adjugeaient des villes et des seigneuries, dont il se mettait en possession, sous prétexte que c'était originairement des fiefs ou des dépendances de la préfecture de Strasbourg et de l'Alsace.
L'Empire, épuisé par une longue guerre, se contenta d'en faire par écrit des reproches à Louis XIV; mais l'Électeur, qui n'avait point été compris dans la paix de Nimègue, refusa de signer cette lettre, et conclut une alliance avec l'électeur de Saxe et le duc de Hanovre, pour le maintien de la paix de Westphalie et de Saint-Germain.
Louis XIV, qui ne voulait point être troublé par l'Empereur ni par l'Empire dans ses conquêtes pacifiques, fit jouer des ressorts en Orient, qui ne tardèrent pas à mettre Léopold dans des embarras extrêmes. Il s'en fallait de deux ans que la trêve que les Infidèles avaient faite avec les Chrétiens,24 ne fût écoulée : cependant les Turcs, appelés par les protestants de Hongrie, qui s'étaient révoltés contre la maison d'Autriche, vinrent avec une armée formidable jusqu'aux portes de Vienne.
Léopold, qui, de même que les princes de sa maison, n'était pas guerrier, se sauva à Linz, malgré toute sa hauteur. Cependant, Vienne fut secourue par Jean Sobieski, roi de Pologne, un des grands hommes de son siècle; et l'Empereur rentra à Vienne avec moins de gloire que de bonheur. Il ne voulait plier ni devant la France, qui investissait Luxembourg, ni devant le Turc, qui avait assiégé sa capitale, quoique dans l'impuissance de résister à aucun de ses ennemis. Les représentations du Pape, des électeurs de Brandebourg et de Bavière, et des principaux princes de l'Allemagne, le portèrent enfin à conclure une trêve avec la France, qui fut signée le 15 d'août 1684.a
L'Électeur fit, la même année, une alliance avec les cercles de la Basse-Saxe et de la Westphalie, pour leur commune défense. On y stipula que les princes qui rassembleraient les troupes confédérées, tireraient des contributions des États voisins; ces traits caractérisent trop les mœurs de ces temps-là pour les omettre.
24 Après la bataille de Saint-Gotthard.
a A Ratisbonne; la durée en fut fixée à vingt ans.