<89>L'Électeur ne vit point le commencement de cette guerre. Il accorda, pour la seconde fois, sa protection à la ville de Hambourg, que le roi de Danemark assiégeait en personne : ses envoyés, Paul Fuchs et Schmettau, firent consentir Frédéric V à lever son camp de devant cette ville, et à rétablir toutes les choses sur le pied où elles étaientavant cette nouvelle entreprise. Environ dans ce temps, le duc de Weissenfels s'accorda avec l'Électeur sur les quatre bailliages démembrés du duché de Magdebourg, dont ce duc était en possession : l'Électeur acheta celui de Bourg pour trente-quatre mille écus, et renonça aux prétentions qu'il avait sur ceux de Querfurt, Jüterbog et Dahme.
Le Nord fut sur le point d'être troublé inopinément par les différends que le roi de Danemark eut avec le duc de Gottorp, touchant la paix de Roeskilde, par laquelle le roi de Suède, Charles-Gustave, avait procuré à ce duc l'entière souveraineté de ses États : les Danois, en haine de cette paix, chassèrent ce prince du Schleswig, et déclarèrent qu'ils étaient résolus de conserver la possession de ce duché comme celle du Danemark même. L'empereur Léopold voulut se mêler de ces différends : mais le roi de Danemark ne consentit à s'en remettre de ses intérêts qu'entre les mains de l'électeur de Brandebourg. On tint des conférences à Hambourg et à Altona; Frédéric V offrit au duc de Gottorp de lui céder de certains comtés dont les produits égaleraient les revenus du Schleswig, à l'exception de la souveraineté; le Duc refusa ces offres. L'Électeur n'eut point la satisfaction de conclure l'accommodement, et la mort termina sa régence glorieuse.
Frédéric-Guillaume avait été attaqué de la goutte depuis longtemps; cette maladie dégénéra par la suite en hydropisie : il sentit les progrès de son mal, et vit les approches de la mort avec une fermeté inébranlable. Deux jours avant sa fin, il fit assembler son conseil : après avoir assisté aux délibérations, et avoir décidé toutes les affaires avec un jugement sain et une liberté d'esprit entière, il tint un discours à ses ministres, les remercia des fidèles services qu'ils lui avaient rendus, et les exhorta à servir son fils avec ce même attachement; après quoi il s'adressa au Prince électoral, lui exposa les devoirs d'un bon prince, et lui