<95>banqueroute pour sauver le crédit de la couronne :a dans la Marche, la banque des états paya, malgré l'irruption des Suédois, le pillage des Autrichiens et le fléau de la peste.
Tous deux firent des traités et les rompirent, l'un par ambition, l'autre par nécessité : les princes puissants éludent l'esclavage de leur parole par une volonté libre et indépendante; les princes qui ont peu de forces manquent à leurs engagements, parce qu'ils sont souvent obligés de céder aux conjonctures.
Le Monarque se laissa gouverner vers la fin de son règne par sa maîtresse, et le Héros, par son épouse : l'amour-propre du genre humain serait trop humilié, si la fragilité de ces demi-dieux ne nous apprenait pas qu'ils sont hommes comme nous.
Ils finirent tous deux en grands hommes, comme ils avaient vécu : voyant les approches de la mort avec une fermeté inébranlable; quittant les plaisirs, la fortune, la gloire et la vie, avec une indifférence stoïque; conduisant d'une main sûre le gouvernail de l'État, jusqu'au moment de leur mort; tournant leurs dernières pensées sur leurs peuples, qu'ils recommandèrent à leurs successeurs avec une tendresse paternelle; et ayant justifié, par une vie pleine de gloire et de merveilles, le surnom de Grand qu'ils reçurent de leurs contemporains, et que la postérité leur confirme d'une commune voix.
a Le banquier Samuel Bernard laissa à sa mort, arrivée en 1739, la somme de trente-trois millions de livres. Il n'est rapporté nulle part qu'il ait fait banqueroute; mais, dans les embarras financiers amenés par la guerre de succession, flatté et touché à la fois de l'affabilité du Roi à son égard, il donna de plus grandes sommes que ne lui en avait demandées le ministre des finances Desmarest. Il dit à cette occasion « qu'il aimait mieux risquer sa ruine, que de laisser un tel monarque dans l'embarras. »