<LIV>pour eux que j'écris; je n'ai pas le loisir de composer un in-folio, à peine puis-je suffire à un abrégé historique; et je suis d'ailleurs fermement de l'opinion qu'une chose ne mérite d'être écrite, qu'autant qu'elle mérite d'être retenue.
C'est par cette raison que j'ai parcouru rapidement l'obscurité des origines, et l'administration peu intéressante des premiers princes. Il en est des histoires comme des rivières, qui ne deviennent importantes que de l'endroit où elles commencent à être navigables. L'histoire de la maison de Brandebourg n'intéresse que depuis Jean-Sigismond, par l'acquisition que ce prince fit de la Prusse, autant que par la succession de Clèves, qui lui revenait de droit en vertu d'un mariage qu'il avait contracté : c'est depuis cette époque que la matière devenant plus abondante, elle m'a donné le moyen de m'étendre à proportion.
La guerre de trente ans est bien autrement intéressante que les démêlés de Frédéric Ier avec les Nurembergeois, ou que les carrousels d'Albert l'Achille. Cette guerre, qui a laissé des traces profondes dans tous les États, est un de ces grands événements qu'aucun Allemand ni qu'aucun Prussien ne doit ignorer. On y voit, d'un côté, l'ambition de la maison d'Autriche armée pour établir son despotisme dans l'Empire, et, d'un autre, la générosité des princes d'Allemagne qui combattaient pour leur liberté, la religion servant de prétexte aux deux partis. On voit la politique de deux