<XIV>Les lettres du Roi n'étaient pas destinées à un meilleur sort que ses autres ouvrages, et elles furent traitées avec une légèreté également coupable. Rangées par séries, elles firent partie des Œuvres posthumes, tandis que les réponses à ces mêmes lettres parurent dans d'autres volumes. Diverses correspondances se trouvèrent complétées dans le Supplément; mais on eut à déplorer l'absence de toutes les lettres de Voltaire, parmi lesquelles plus de deux cents restées inconnues jusqu'aujourd'hui : elles avaient cependant été promises expressément, et déposées, avec quelques lettres de lord Marischal au Roi, entre les mains du libraire, afin qu'il en fît part au public dans un nouveau Supplément. Des lettres au comte Algarotti et au baron Grimm furent rangées à tort parmi les lettres à Voltaire et au marquis d'Argens. Au milieu des lettres écrites à Jordan, on trouve l'Élégie de la ville de Berlin, adressée au baron de Pöllnitz, ainsi que d'autres pièces qui auraient beaucoup mieux figuré parmi les Plaisanteries.
Toute sollicitude pour la commodité du lecteur et l'intelligence du texte fut négligée dans ce travail. Les éditeurs ne songèrent à donner ni l'indication des époques auxquelles ont été composés les différents écrits du Roi, ni une table générale des matières de ces vingt-cinq volumes si mal classés. Tout éditeur qui remplit sa tâche avec conscience, éprouve le besoin d'initier le public au résultat de ses travaux, et de l'appeler en témoignage de l'exactitude et du zèle qu'il a déployés dans l'accomplissement de son devoir : on comprendra donc sans peine pourquoi les éditeurs des Œuvres de Frédéric le Grand ne les firent pas précéder d'une Préface, servant de compterendu. C'est par cette raison qu'il nous a été impossible de découvrir sur qui pèse la responsabilité de l'ensemble de l'édition. Trois personnes seulement sont connues pour avoir pris part à cette publication; ce sont le comte de Hertzberg et M. de Wöllner, ministres d'État, et M. de Moulines, tous trois membres de l'Académie des Sciences. Nous sommes intimement persuadé et il est évident que ce fut le comte de Hertzberg qui disposa, avec un plein pouvoir, des quatre grands ouvrages historiques; mais nous craindrions de