<XLVIII>mal épidémique lui a fait faire un livre. Défions-nous toujours de nousmêmes, nous sommes les sophistes de nos passions! Un mauvais génie ou quelque démon me mit dans l'esprit que l'histoire de la maison de Brandebourg n'avait point été écrite. Voilà l'enthousiasme qui s'empare de mon imagination. Je demande, et j'obtiens la permission de m'instruire dans les archives royales; mes recherches me fournissent d'autres secours, et me voilà auteur en dépit de moi-même. Le recueillement du cabinet me rendant sédentaire, un de mes amis me demanda la raison de cette retraite, et me pressa si fort, que je fus obligé de l'avouer. Il lut cet essai, et me contraignit de l'offrir à l'Académie royale des Sciences.
Je puis garantir l'authenticité des faits qui se trouvent rapportés dans ce petit ouvrage. Les archives, les chroniques, et quelques auteurs qui ont écrit sur ces matières, sont les sources dans lesquelles j'ai puisé; il aurait fallu un architecte plus habile pour employer ces matériaux, et un juge moins porté à l'encouragement de ceux qui travaillent pour les sciences que M. de Maupertuis.a C'est au lecteur de juger de mon ouvrage; l'amour-propre ne m'aveugle pas assez pour me persuader que je lui fais un bon présent.
a Ce passage a trait à la réponse que fit le président de l'Académie des Sciences, le 1er juin 1747, à M. Darget, conseiller privé, après que celui-ci, en présence des princes, frères du Roi, et de la princesse Amélie, sa sœur, eut donné lecture du commencement des Mémoires de Brandebourg jusqu'à la fin du règne de l'électeur George-Guillaume. La Réponse de M. de Maupertuis se trouve dans l'Histoire de l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres, année 1746. Berlin, 1748, p. 377.