<XVII>dans le sein de ses amis, ses convictions et ses sentiments les plus intimes.

Mais rien n'atténuait le regret de ne posséder les Œuvres du grand roi que dans une édition si informe. On se livra même à des suppositions qui n'étaient que trop justifiées par un travail aussi arbitraire que négligé; et des hommes haut placés, parmi lesquels nous citerons M. de Dohm, soupçonnèrent les éditeurs d'avoir, dans une intention blâmable, altéré le texte et substitué des passages entiers. Aujourd'hui que tous les moyens de preuve sont entre nos mains, nous pouvons déclarer, à l'honneur des éditeurs, que ces soupçons n'étaient pas fondés.

Les protestations énergiques de Jean de Müller et de Gibbon, avaient trouvé de l'écho, et il n'y eut depuis qu'une voix sur la nécessité de publier enfin les Œuvres de Frédéric le Grand d'une manière digne de lui et de ses arrière-neveux.

Ce désir sembla augmenter encore par l'approche de l'anniversaire séculaire de l'avénement de Frédéric au trône; et un ouvrage composé à cette occasion, Friedrich der Grosse als Schriftsteller, Vorarbeit zu einer echten und vollständigen Ausgabe seiner Werke, par J.-D.-E. Preuss, dont Sa Majesté Frédéric-Guillaume IV, alors prince royal, daigna accepter la dédicace, appela sur cet objet l'attention de l'Académie royale des Sciences.

Diverses critiques, celle surtout de M. Varnhagen d'Ense, à la fois si bienveillante et si patriotique, signalèrent l'importance de ce projet, et des amis éclairés du pays appuyèrent de leur autorité cet appel aux sentiments généreux des chefs de la nation. Le digne ministre du Culte et de l'Instruction publique, dont nous eûmes bientôt à déplorer la perte, et avec lui, le ministre d'État Ancillon, le grand chancelier de Beyme, et quelques personnes encore vivantes, se distinguèrent par l'empressement avec lequel ils accueillirent cette proposition. Ce fut alors que Frédéric-Guillaume III, dont le grand cœur comprenait si bien toutes les questions d'honneur national, donna ordre de publier les Œuvres historiques de son grand-oncle : le projet complet de cette entreprise fut le dernier travail que le baron d'Altenstein mourant présenta à son roi.