<140>Dans leur crédulité braver la léthargie,
Et ne plus redouter les coups d'apoplexie.
Faut-il approfondir si le remède est bon,
Si c'est un antidote ou si c'est un poison?
Claudine l'applaudit, Marthe s'en est servie,
Suffit, il faut en prendre, au risque de sa vie.
Sur la fortune enfin on ne voit pas plus clair,
Tant l'esprit des humains est frivole et léger!
Rappelez-vous les temps de Law et du système :
Jadis les bons chrétiens couraient moins au baptême
Que le peuple français, dans ses transports outrés,
S'empressait de gagner de ces papiers timbrés;
La triste vérité, dissipant leur chimère,
Au sein de leurs trésors étala leur misère.
Quoi! Bredow, vous riez de mes raisonnements?
Vous pensez, je le vois, que ces beaux arguments
Ne sont qu'un jeu d'esprit d'une muse badine,
Qui plaisante des sots et de la médecine;
Ces portraits, dites-vous, malignement tracés,
Ne représentent point des citoyens sensés,
Et mes pinceaux, trempés aux couleurs des Ténières,
Peignent d'un peuple obscur les sottises grossières.
Soit, mais ce peuple abject que vous m'abandonnez,
C'est lui qui fait le nombre, et du moins convenez
Que les trois quarts du monde ignorant et stupide
Ne sait pas dans ses choix quel motif le décide.
Eh bien, puisqu'il le faut, plaçons-nous sur les bancs,
Examinons tous deux la raison des savants;
Ces esprits pénétrants, amateurs des sciences,
Sans doute auront acquis de vastes connaissances.
Prenons ce fameux Sack, ce suppôt de Calvin,
Ce zélateur couru du sexe féminin,
Qui deux fois par semaine en style de sophiste
Fulmine l'anathème et proscrit le déiste.
Si le hasard caché qui préside au destin,
Au lieu d'avoir formé sa cervelle à Berlin,
L'avait fait naître à Rome, il serait catholique,