<149>S'agite, et veut briser sa puissante barrière;
Il brave en ses prisons l'auteur de la lumière;
Mais ce dieu, qui punit ses transports menaçants,
Dédaigne au haut des cieux ses efforts impuissants.
Ce dieu, c'est vous, ma sœur, oui, c'est vous dont l'égide
Pétrifia ce monstre envieux et perfide :
Votre main détruisit ses infâmes complots.
Sans armes, sans secours, sans foudres, sans carreaux,
Il vous suffit d'un mot pour calmer la tempête;
Vous dites, Arrêtez, et la guerre s'arrête.
O Suède! reconnais d'aussi puissants secours.
Si l'ombre de la paix protége tes beaux jours,
Si du joug ennemi Stockholm est préservée,
Bénis du fond du cœur la main qui t'a sauvée.
Auteurs, ne vantez plus dans vos pesants écrits
Les noms d'Elisabeth et de Sémiramis;
Suédois, votre Christine, indigne qu'on la prône,
Par un caprice étrange abandonna le trône;
Déjà mon héroïne a su le soutenir.
Ah! quels engagements, ma sœur, pour l'avenir!
Si dans le second rang je vous vois si brillante,
Parvenue au premier, jugez de mon attente.
Tout prêt à prononcer, on tient les yeux ouverts,
Votre règne intéresse et nous et l'univers,
Il se propose à voir l'Europe réunie
Par les soins généreux de ce puissant génie,
Dont la sagesse égale, asservissant le sort,
Fera l'amour du monde et la gloire du Nord.
Vénus à vos appas aurait cédé la pomme,
Minerve à vos vertus connaîtrait un grand homme.
Vos tranquilles sujets sous votre règne heureux
Diront : « O Prussiens! ô peuple généreux!
C'est vous dont nous tenons cette nouvelle aurore,
Prémices des beaux jours qui la suivront encore;
Nous vous devons la paix, nos biens et nos honneurs. »
Ah! quel plaisir touchant! quels concerts enchanteurs!