<229>Dans des honneurs obscurs vous ne vieillirez pas,
Soldat, vous apprendrez à régir des soldats;
Bientôt, chef éclairé d'une troupe intrépide,
Marchant de grade en grade où le devoir vous guide,
Vous verrez sous vos lois un bataillon nombreux;
Présidez à sa marche et gouvernez ses feux,
Montrez-lui dans quel ordre un bataillon s'avance,
Charge, tire, recharge, et s'arrête ou s'élance
Les Prussiens nerveux, tous robustes et grands,
Vainquent leurs ennemis, combattant sur trois rangs;
Sur plus de profondeur, leurs rivaux pleins d'audace,
Résistant un moment, leur ont cédé la place.
Il faut qu'un bataillon marche d'un pas égal,
Qu'il ne prodigue point son tonnerre infernal,
Que son front hérissé, pointant la baïonnette,
Étonne l'ennemi, le force à la retraite
Il faut renouveler vos combattants altiers :
La mort aux champs de Mars moissonne les guerriers;
Pour maintenir l'honneur de ces troupes augustes,
Choisissez avec soin des hommes grands, robustes;
Mars veut que, sans quitter leurs rangs et leurs drapeaux,
Ils portent en marchant les plus pesants fardeaux;
Des corps moins vigoureux, vaincus de lassitude,
N'atteindraient pas la fin d'une campagne rude
Tels, au milieu des bois, les chênes sourcilleux
Affrontent les assauts des vents impétueux,
Tandis qu'à leurs côtés le souffle de Borée
Renverse des sapins la tige resserrée :
Tels sont ces hommes forts, ces robustes lions,
Dont il faut repeupler nos braves bataillons
Si, voulant acquérir une gloire certaine,
Vous aspirez au nom de fameux capitaine,
Des armes connaissez les emplois différents,
A les bien manier exercez vos talents.
Au combat du Lapithe il faut savoir encore
Unir cet art guerrier qu'inventa le centaure :
Apprenez à dompter la fougue des chevaux,