<232>Moins guerriers que brigands et de pillage avides.
Ravagèrent l'empire en proie à leurs fureurs;
Vainement le Romain chercha des défenseurs,
Et ce puissant État, touchant à sa ruine,
Regretta, mais trop tard, l'antique discipline
Cet art qui se perdit, après un long déclin,
Sortit de son tombeau sous le grand Charles-Quint :
Sous ce guerrier fameux, la Castille aguerrie
Fit craindre aux nations sa brave infanterie;
L'ordre l'avait soumise à sa sévère loi,
Mais sa gloire périt dans les champs de Rocroi.b
Alors, d'un joug honteux rejetant l'insolence,
Exercé par Maurice à venger son offense,
Apprenant à combattre, apprenant à servir,
Le Batave fut libre en sachant obéir,
Et l'exemple imposant de ce grand capitaine
Développa bientôt les talents de Turenne;
Il apprit aux Français le grand art des héros,
Louis, ce sage roi, seconda ses travaux,
Le militaire alors eut ses lois et sa règle;
Mais Louis dans sa cour méconnut un jeune aigle,
Fils tendrement chéri de Bellone et de Mars,
Eugène, le soutien du trône des Césars.
Sous ce savant guerrier, Dessau, dans son jeune âge,
Fit de l'art des combats le dur apprentissage,
Et les dieux protecteurs des camps autrichiens
Devinrent avec lui les dieux des Prussiens
Voilà comme en tout temps l'art que je vous enseigne
A soutenu les rois, a maintenu leur règne;
Et si la discipline en est le fondement,
Si sa force soutient ce vaste bâtiment,
Jugez de sa grandeur et de son importance.
On ne peut l'acquérir que par l'expérience;
Malheur aux apprentis dont les sens égarés
b La bataille de Rocroi fut gagnée par le due d'Enghien sur les Espagnols, le 19 mai 1643 : le vieux comte de Fuentes, qui commandait cette infanterie espagnole jusqu'alors invincible, y perdit la vie.