<238>Selon les lois de Mars ranger les combattants :
Soutenez par le feu la ligne de défense,
Et de vos bataillons remplissez la distance
Par vos foudres d'airain, dont les coups menaçants
Impriment l'épouvante au cœur des assaillants.
Derrière ces volcans d'où part la flamme ardente
Placez des cuirassiers la cohorte brillante;
Si vos rivaux de gloire, animés par l'honneur,
Percent par votre ligne et forcent sa valeur,
Ébranlez vos coursiers, que la tranchante épée
Du sang des ennemis aussitôt soit trempée.
Ainsi par l'art du chef le docile terrain
Contre un danger pressant prête un secours certain,
Ainsi l'habileté corrige la fortune;
Mais la prudence est rare, et l'audace est commune :
Varron fut un soldat, Fabius un héros.
Tel, s'élevant aux cieux, le sommet de l'Athos
Voit le fougueux Borée assembler les nuages;
Il entend à ses pieds éclater les orages,
Son front toujours serein, où se brisent les vents,
Méprise le tonnerre et ses bruits impuissants :
Tel, du haut de son camp, bravant le sort contraire,
Un héros, de sang-froid, voit son fier adversaire
Épuiser contre lui sa frivole fureur.
Si le dieu des combats vous marque sa faveur,
Si du génie en vous brillent les étincelles,
Vous trouverez partout des forts, des citadelles,
Que les mains des mortels n'ont jamais travaillés,
Postes que la nature a seule ainsi taillés.
L'ignorant voit ces lieux, mais c'est sans les connaître,
Le sage les saisit, ce sont des coups de maître.
Ainsi dans un lieu fort le fier Léonidas
Se défendit longtemps avec peu de soldats;
Un monde de Persans aussi fiers qu'inhabiles
Se virent arrêtés au pas des Thermopyles;
La Grèce par son art sut confondre Xerxès
Dans le rapide cours de ses brillants succès.