<24>Élèvent un trophée aux dieux leurs protecteurs,
Ainsi qu'au Capitole
Se portait le symbole
Du succès des vainqueurs.
Sous le règne honteux de l'aveugle ignorance,
La terre était en proie à la stupidité;
Ses tyranniques fers tenaient sous leur puissance
Les membres engourdis de la simplicité.
L'homme était ombrageux, crédule, abject, timide.
La vérité parut et lui servit de guide,
Il secoua le joug des paniques terreurs;
Sa main brisa l'idole
Dont le culte frivole
Nourrissait ses erreurs.
Sur la profonde mer où navigue le sage
De sa faible raison uniquement muni,
Le ciel n'a point de borne et l'eau point de rivage,
Il est environné par l'immense infini;
Il le trouve partout, et ne peut le comprendre,
Il s'égare, il ne peut ni monter ni descendre,
Tout offusque ses yeux, tout échappe à ses sens :
Mais l'obstacle l'excite,
Et la gloire l'invite
A des travaux constants.
Par un dernier effort la raison fit paraître
Ces sublimes devins des mystères des dieux;
C'est par leurs soins que l'homme apprend à les connaître,
Ils éclairent la terre, ils lisent dans les cieux,
Les astres sont décrits dans leur oblique course,
Les torrents découverts dans leur subtile source,
Ils ont suivi les vents, ils ont pesé les airs,
Ils domptent la nature,
Ils fixent la figure
De ce vaste univers.