<270>Attaquez donc toujours : Bellone vous annonce
Des destins fortunés, des exploits éclatants,
Tandis que vos guerriers seront les assaillants.
Si malgré tous vos soins la fortune légère
Passe de vos drapeaux à ceux de l'adversaire,
Opposez aux revers un front toujours serein,
Par votre habileté corrigez le destin,
Des guerriers abattus ranimez le courage,
Montrez-vous ferme et grand tant que dure l'orage.
Comme une sombre nuit, par son obscurité,
Des feux du firmament relève la clarté,
De même vos malheurs, autant que la victoire,
Par votre fermeté vous couvriront de gloire.
Ne désespérez point, sûr des secours de l'art :
La sagesse toujours triomphe du hasard.
Si Villars fut forcé de se battre en retraite,
Denain de Malplaquet effaça la défaite;
Souvent un seul moment répare un long malheur,
De vaincu qu'il était, Villars devint vainqueur.
On gagne les combats de diverses manières :
Ceux connus sous le nom d'affaires régulières
Vous offrenta des deux parts des efforts généraux;
Des postes retranchés, des hauteurs, des ruisseaux
D'affaires de détail sont les sanglants théâtres;
Le terrain, bien choisi, les rend opiniâtres.
Voyez-vous dans ces champs en bon ordre avancer
Ces deux corps au combat tout prêts à s'élancer?
Leur front, qui s'élargit, s'étend et se déploie,
L'un, dans l'instant formé, va fondre sur sa proie;
Ces escadrons serrés, d'un cours impétueux,
Volent à l'ennemi, qui s'enfuit devant eux;
Dans d'épais tourbillons de soufre et de poussière
On voit briller de loin la lame meurtrière,
Ils pressent les fuyards par leurs coups dissipés,
Du sang des ennemis leurs glaives sont trempés.
Ici, l'infanterie, ayant perdu ses ailes,
a Nous offrent. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 435.)