<295>Trouve sous votre abri le repos qu'il désire;
Qu'à l'ombre de la paix, les laboureurs contents
Recueillent pour eux seuls les moissons de leurs champs,
Que sur son tribunal Thémis en assurance
Prononce ses arrêts et venge l'innocence;
Que nos vaisseaux légers, fendant le sein des eaux,
Ne craignent d'ennemis que les vents et les flots,
Et surtout que Minerve, assise auprès du trône,
En veillanta sur nos rois, protége leur couronne.
C'est à toi,b dieu terrible, à toi, dieu des combats,
A m'ouvrir la barrière, à conduire mes pas;
Et vous, charmantes Sœurs, déesses du Permesse,
Si mes vœux sont reçus au temple des destins,
Consentez qu'à jamais ce florissant empire
Goûte sous votre abri le repos qu'il désire,
Que sous leurs toits heureux les laboureurs contents
Recueillent pour eux seuls les moissons de leurs champs,
Que sur son tribunal Thémis en assurance
Réprime l'injustice et venge l'innocence,
Que nos vaisseaux légers, fendant le sein des eaux,
Ne craignent d'ennemis que les vents et les flots,
Que, tenant dans ses mains l'olivier et l'égide,
Minerve sur le trône à nos conseils préside.
Mais si d'un ennemi l'orgueil ambitieux
De cette heureuse paix rompt les augustes nœuds,
Rois, peuples, armez-vous, et que le ciel propice
Soutienne votre cause et venge la justice.
C'est à toi, dieu terrible, à toi, dieu des combats,
A m'ouvrir la barrière, à conduire mes pas :
Et vous, charmantes Sœurs, déesses du Permesse,
Aux sonsstar2 que vous tirez du luth harmonieux,
Venez pour m'inspirer des chants mélodieux.
a Ce vers paraît un peu faible et vague; veiller a déjà été employé dans cette tirade.
b Voici qui est important. Il manque ici une transition. Je vous enseigne l'art de la guerre, mais, ô bienfaisante paix, régnez sur nous. C'est à toi, dieu des combats, à me conduire. L'ordre et vos propres idées semblent exiger absolument que vous disiez, après avoir montré les avantages de la paix, et que surtout Minerve, auprès du trône assise, y préside par sa sagesse : Mais si un injuste ennemi s'élève, si la guerre est nécessaire, alors sonnons le boute-selle et dégainons. Pardon de ces expressions familières, mais il faut absolument là un passage de la paix à la guerre.
+ Au-dessus du mot « Accordez, » Voltaire a écrit : « J'aimerais mieux gouvernes : » au-dessus des mots « l'indocile rudesse, » il a mis : « la sauvage : » et à la marge : « Si elle était indocile, elle ne s'accorderait pas. »
++ Au-dessus et au-dessous du vers « Aux sons, » etc., Voltaire a écrit : « J'aimerais mieux : accordez les sons de ma trompette à vos lyres, etc., à vos luths. »