<43>Vos vœux, mortels audacieux,
Vont à vous égaler aux dieux;
Vous, nés pour ramper dans la fange,
Pour vivre un instant, pour périr,
Vous, nés pour vous anéantir,
Vous aspirez à la louange!
Pourquoi rechercher le bonheur?
Pourquoi craindre le bras céleste?
Le bien est un songe flatteur,
Et le mal un songe funeste;
Tous ces divers événements
Sont des objets indifférents
Pour qui connaît notre durée;
Partez, chagrins, plaisirs, amours,
Je vois la trame de mes jours
Dans la main d'Atropos livrée.
Biens, richesses, titres, honneurs,
Gloire, ambition, renommée,
Éclats faux, éclats imposteurs,
Vous n'êtes que de la fumée;
Un regard de la vérité
De votre fragile beauté
Fait évanouir l'apparence;
Non, rien de solide ici-bas,
Tout, jusqu'aux plus puissants États,
Est le jouet de l'inconstance.
Connaissons notre aveuglement,
Nos préjugés et nos faiblesses;
Tout ce qui nous paraît si grand
N'est qu'un amas de petitesses.
Transportons-nous au haut des cieux,
De sa gloire jetons les yeux